Dromesko : détour de manège

Spectacle / Cette semaine, l’équipe du Théâtre Dromesko s’arrête du côté de la MC2 pour nous proposer sa nouvelle création "Arrêtez le monde, je voudrais descendre". À défaut d’avoir pu voir de quoi il retournait, on a soumis Igor, son directeur artistique, à la question.

Comment est né le Théâtre Dromesko ?

Igor : C’est venu quand on a arrêté le cirque Zingaro, dont j’étais l’un des créateurs avec Bartabas. Je suis parti en 1989 parce que ça devenait un peu la grosse usine. Pendant un an et demi, j’ai fait d’autres choses, j’ai fait une fille, notamment, mais j’avais envie de repartir sur d’autres projets artistiques. Créer Dromesko était une façon de réaliser ce rêve. Depuis dix ans, le Théâtre Dromesko est installé à la Ferme du Haut Bois, à Saint-Jacques-de-la-Lande, dans une friche agricole.

Comment cela a influé sur votre art ?

Quand le maire de Saint-Jacques nous a proposé cet endroit, c’était encore des champs avec des vaches autour, il y avait juste un centre commercial mais sinon il n’y avait personne, c’était une ville nouvelle qui se construisait – on était là avant la plupart des habitants. Maintenant, il y a des immeubles partout, comme une espèce de village gaulois retranché qui ne voudrait pas voir que le béton a gagné.

C’est un port d’attache pour nous, un endroit où, quand on revient de tournée, on gare les camions et on s’installe directement dans la baraque. Quand on ne tourne pas, on le met à disposition pour d’autres compagnies – mais c’est logique, c’est un lieu qui n’est pas à nous. C’est un endroit qui brasse, qui réussit à vivre même lorsqu’on n’y est pas. C’est notre port, quand on n’est pas là, l’odeur des bateaux reste.

Un lieu qui vous permet également de développer des activités corollaires à la création artistique, d’échanger, de favoriser les rencontres…

Ça nous définit un peu si on veut expliquer ce qu’est le Théâtre Dromesko. Dromesko, ce sont des gens, et du matériel qui est arrivé par des conventionnements. Dans la façon de faire, c’est une forme théâtrale qui est conçue les pieds dans la boue – je le dis d’autant plus facilement que Arrêtez le monde, je voudrais descendre a été créé en hiver ! – qui n’oublie pas le sol et surtout qui s’ancre dans la vie.

Alors parfois, les idées peuvent venir et s’agréger par bandes successives – je dis ça parce que j’aime bien le billard –, découler indirectement d’autres choses. On aime bien toutes formes de nuisances, le bruit d’un train qui passe à proximité ça ne me déplaît pas, c’est toujours agréable dans ce que ça raconte…

C’est pour ça que vous aimez travailler avec des animaux, malgré le risque d’accidents scéniques, vous obtenez dès lors une plus grande spontanéité ?

Les animaux, c’est pour nous un élément naturel, et il n’y a pas que dans le spectacle qu’on a tendance à les oublier. Quand les gens arrivent de la ville et que leur gosse voit une poule, on a systématiquement l’impression que c’est la première fois qu’il voit un truc qui n’est pas virtuel… C’est le raisonnement contraire qui devrait s’opérer, comment ne pas faire de spectacle avec des animaux…

Et puis pour nous ce n’est pas une contrainte, c’est plus chiant de bosser avec des comédiens qu’avec des animaux. On ne leur demande pas de faire des numéros, ils ne demandent pas de défraiements… Je plaisante, mais quelquefois c’est plus simple parce qu’ils ne jouent pas, eux.

Qu’est-ce qui vous séduisait le plus dans le principe du théâtre itinérant tel que vous le pratiquez ?

Le théâtre itinérant, ça n’a jamais été une idée, c’est venu naturellement. J’ai travaillé dans la rue pendant dix ans quand j’ai arrêté de jouer de l’orgue dans les églises ; c’est avant tout une ballade commune avec les gens, c’est notre façon de garder un pied dans la vie, de rester au contact des gens. Quand on arrive dans une ville avec l’alibi culturel du spectacle, ça accélère les rencontres potentielles.

Comment est né Arrêtez le monde, je voudrais descendre ?

Ça vient de quelque part et de nulle part, en même temps le titre est assez parlant… Quand on fait un spectacle, on ne part pas d’un texte, on le cherche, on le fait écrire parfois, on compose la musique ; quelquefois ça peut partir d’un endroit physique, d’une scénographie. C’est comme de jeter un hameçon et de laisser les choses s’amalgamer tout autour. Là, tout ce que je peux vous dire, c’est que c’est un bébé que j’aime beaucoup.

Arrêtez le monde, je voudrais descendre, du 24 au 28 février, à la Baraque devant la MC2


Le Théâtre Dromesko

1990 : Création de la compagnie par Igor et sa femme Lily, baptème du feu avec le spectacle La Volière, ambitieux projet pluridisciplinaire réunissant notamment 240 animaux…
1995 : La baraque, cantine musicale abolit encore plus les frontières entre artistes et spectateurs, ces derniers étant invités à partager la soupe tout en savourant un mélange unique de musique, danse et théâtre
2000 : Création en collaboration avec les frères Forman du sublime spectacle Les Voiles Ecarlates, d’après Alexander Grin
2003 : L’utopie fatigue les escargots, en collaboration avec Paolo Magelli, Serge Valletti et Alexandre Balanescu
2006 : Margot, petite forme musicale

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