"Le Jour se lève Léopold" : fiers d'être marseillais !

Théâtre / L’univers décalé de Serge Valletti vu par Michel Didym, ça donne une mise en scène rythmée d’un des succès de l’auteur de théâtre contemporain phocéen.

Serge Valletti possède un univers et une verve qui lui sont propres. Si certains de ses textes peuvent sembler un peu faiblards, d’autres ont une force intrinsèque habilement dissimulée derrière une apparente légèreté. C’est le cas du Jour se lève Léopold (1982), sans doute la pièce la plus représentative de son auteur, et l’une des plus abouties. Bonne nouvelle, elle est jouée cette semaine à l’Hexagone.

Le metteur en scène Michel Didym se saisit une fois de plus des mots de son ami Valletti pour les retranscrire sur scène, dans un décor imagé et animé – une sorte de cabanon de campagne méditerranéen très amovible. Car la scénographie et le jeu des acteurs (à la façon de Pagnol mais sans trop en faire, contrairement à l’autre pièce de Valletti présentée en début de saison à l’Hexagone) renforcent le mordant de cette histoire de quiproquos nourrie de nombreuses digressions aux accents du sud (Valletti prend pour point de départ les pérégrinations nocturnes de Mérédick et Bastien, deux amis partis à la recherche d’une femme, qui finiront pas forcer le cadenas d’une buvette et se faire passer pour les gérants). Sept personnages forts en gueule et un chien invisible se partagent ainsi le plateau le temps d’une nuit assurément loufoque, le tout porté par un duo comique digne des meilleurs comédies de Molière et consorts.

La vie est mortelle

Cette mise en scène a le mérite de ne pas trahir Valletti. Tous les codes de l’homme de théâtre marseillais sont présents. Ce qui est une force devient donc aussi une faiblesse : ce n’est pas cette fois-ci que les hermétiques à l’univers de Valletti changeront d’avis. Mais qu’importe, le but de Didym n’est pas de faire du prosélytisme, mais plutôt d’offrir au public une véritable tranche de vie méditerranéenne, l’absurde en plus.

Pourtant, dernière cette farce comique à la Feydeau, on trouve aussi une deuxième clé de lecture, toute aussi présente dans cette mise en scène rythmée (qui ralentit quelques fois tout de même, à notre grand regret) : la peur de n’être finalement qu’un homme, avec tout ce que cela implique. Mérédick est malade, du moins il le laisse penser en restant alité toute la journée. Alors on rit, on exagère, on s’invente des histoires pour finalement tenter d’oublier qu’un jour, la fin viendra nous cueillir.

Le Jour se lève Léopold
Vendredi 24 et samedi 25 à 20h, à l’Hexagone (Meylan)

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