Oh la grosse claque Vincent Macaigne !

Théâtre / Mardi soir avait lieu la première des quatre soirées "Cabaret(s)" de la MC2. Avec une Meret Becker renversante et – surtout – un Vincent Macaigne tonitruant. A voir.

Jusqu’à vendredi, c’est "Cabaret(s)" à la MC2. Avant de découvrir celui de François Verret mercredi et de Vandas Benes jeudi, retour sur la soirée de mardi. Passons rapidement sur David Lescot, qui a livré un spectacle fidèle à ce qu’on en avait déjà dit, et sur le concert de haute tenue de Las Ondas Marteles qui s’est déroulé devant seulement une vingtaine de personnes (la faute à une soirée qui a pris beaucoup de retard – on espère plus de monde pour les prochains soirs, à l’approche du week-end), et évoquons les deux moments forts.

Meret Becker d’abord : plus qu’un ange comme la qualifie Michel Orier, on a découvert sur scène un petit diable touchant, qui a livré un merveilleux cabaret musical. Dans un décor de bric et de broc, avec ses quatre musiciens (The Tiny Teeth), la Berlinoise a envahi la scène deux heures durant pour un show du tonnerre très fortement applaudi. Une entrée en matière parfaite avant la claque Vincent Macaigne (photo). Car c’est lui qui a littéralement retourné les spectateurs, ne manquant pas de les diviser.

Exutoire

Véritable ode au théâtre dans sa définition la plus simple et la moins pompeuse (« art de la représentation d’œuvres par des êtres humains »), le truculent Vincent Macaigne a parfaitement rempli le contrat qu’il s’était lui-même fixé en nommant son cabaret On aurait voulu pouvoir salir le sol, non ? (si Jean-Claude Gallotta voyait son Grand studio dans cet état !). Pourquoi l’artiste crée-t-il ? Que veut-il transmettre ? Comment cela est-il perçu par le public ? Et, finalement, à quoi ça sert tout ça ?

En un peu plus d’une heure, sa troupe répond à toutes ces questions (et d’autres encore) sans livrer de vérités prétendues incontestables, mais en prenant soin de taper le plus possible sur tout ce qui bouge dans le milieu culturel et artistique français avec le plaisir d’un gosse ne se rendant pas vraiment compte de ce qu’il fait (au pif, on adore la réplique d’une comédienne « ah mais moi j’ai bien aimé La Douleur » lorsqu’un autre égrène les têtes d’affiche théâtrales qui feraient du mal à la profession – Patrice Chéreau en l’occurrence dans cet exemple).

Alors bien sûr, ça tombe à des moments dans l’enfonçage de portes grandement ouvertes, et ça ressemble parfois à du théâtre pour petits bourgeois masochistes aimant être violentés dans l’écrin moelleux d’une salle de spectacle ; mais c’est encore plus que ça. Sans se soucier des codes et avec une envie clairement affichée de retourner le public, Vincent Macaigne dynamite la commande de la MC2 (réaliser un cabaret) pour créer une forme jubilatoire à – au moins – quarante clés de lecture et quatre-vingt deux niveaux de mise en abyme. Oui, oui, tout ça.

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