"Cannibales" : jeunesse consumée

"Cannibales" est plus qu’un spectacle générationnel pour bobos branchouilles. C’est une proposition high-tech intense et hypnotique, à voir pour sa dernière ce vendredi soir à la MC2.

« Dur plutôt que pessimiste. » David Bobée, metteur en scène de Cannibales, résume ainsi son propos. « Ce n’est pas une thèse sur la société d’aujourd’hui mais le regard subjectif de personnes trentenaires sur ce mode de vie-là, sur cette image du bonheur que l’on nous donne comme quelque chose d’attirant » nous expliquait-il en interview. Car oui, Bobée ne se pose pas en donneur de leçons, mais élabore un spectacle sensitif total, d’une beauté plastique subjuguante (avec l’utilisation habile de la vidéo). Dans un grand loft aseptisé, déshumanisé et Ikéaïsé, évoluent ainsi une demi-douzaine de jeunes acteurs-acrobates, au son du rock indé (Radiohead) ou du folk envoûtant (Herman Düne). On n’en dira pas plus, car Cannibales est une proposition à vivre plus qu’à commenter, mais vous comprendrez aisément que l’on est plus qu’enthousiastes !

On émettra simplement une réserve, qui pourrait paraître de taille mais qui ne l’est point : le texte de Ronan Chéneau, fidèle collaborateur de Bobée depuis dix ans. Adepte du name dropping (dans le désordre : Dorothée, Télérama, 24 heures chrono, Le Pen, Spiderman… – j’en passe et des meilleurs), les mots de Chéneau tombent par moments dans l’illustratif inutile ou le bavardage intempestif. Évoquer la réalité, certes, mais pas de cette façon finalement plus Bénabar que Biolay, au risque d’étouffer le propos. Pourtant, ce n’est heureusement pas le cas ici, loin de là : Bobée dépasse tous les carcans (il y a ainsi de longs moments de silence ; et soyons honnêtes, certains passages du texte, très drôles, sauvent l’ensemble) pour créer un spectacle générationnel glaçant qui parlera sûrement à tous (les lycéens présents jeudi soir ont, semble-t-il, été très réceptifs), même si les trentenaires bobos (que sont Bobée et Chéneau visiblement) sont les principaux visés.

pour aller plus loin

vous serez sans doute intéressé par...

Mardi 6 mars 2018 Critique du premier album de Calypso Valois, baptisé "Cannibale",  avant son passage par la Maison de la musique de Meylan le vendredi 9 mars à 20h30.
Mardi 16 décembre 2014 De Manuel Martín Cuenca (Esp-Roum-Russie-Fr, 1h56) avec Antonio de la Torre, Olimpia Melinte…

restez informés !

entrez votre adresse mail pour vous abonner à la newsletter

En poursuivant votre navigation, vous acceptez le dépôt de cookies destinés au fonctionnement du site internet. Plus d'informations sur notre politique de confidentialité. X