La fête des morts

THÉÂTRE / Ça vie, swingue et crie sur le plateau. Dans une ambiance obscure et cinématographique, les marionnettes sont manipulées à vue lors des différents tableaux, « entre poésie visuelle et rock’n’roll attitude » dixit Romuald Collinet, moitié du duo fondateur de la compagnie La Pendue (avec Estelle Charlier). Tous deux anciens élèves de la fameuse École des arts de la marionnette de Charleville-Mézières, ils ont depuis posé leurs valises dans la montagne iséroise pour créer. Un verbe véritablement porteur de sens ici : des marionnettes aux décors, en passant par la musique et le texte, tout vient d’eux (et des collaborations qu’ils ont menées avec différents artistes). Une expression véritablement contemporaine en somme, dans un domaine a priori poussiéreux. A priori évidemment, car en s’y penchant de plus près, que ce soit en assistant au Festival de la marionnette de Grenoble ou aux spectacles des Gisèle Vienne et consorts, on prend rapidement conscience du potentiel dramatique et d’évocation d’une simple figurine désarticulée. Mais revenons en à La Pendue… Après leur Poli dégaine, réinterprétation déglinguée du mythe de Polichinelle, ils font leur retour au Théâtre de création avec Hors l’ombre. Un spectacle dont on n’a pu voir que des extraits, mais qui laisse présager du meilleur, notamment grâce à un travail scénographique et musical impressionnant. Accompagnés de l’auteur et musicien Romaric Sangars, et d’un troisième manipulateur, Estelle et Romuald retracent cette fois-ci la vie de deux gosses paumés, en commençant par la fin, forcément tragique. Pour « une vaste chorégraphie symbolique gravitant autour du mystère humain et tentant de saisir le point d’oscillation entre pesanteur et apesanteur ». Tout un programme.
AM

CRITIQUE / Ça y est, on a vu ce Hors l’Ombre lors de la générale précédant la première. Résultat : un spectacle visuellement impressionnant, qui démontre la maîtrise évidente de l’outil scénographique par cette jeune compagnie iséroise. En un peu plus d’1h30, le plateau se métamorphose au gré de l’évolution du récit grâce à divers procédés techniques – et notamment une utilisation remarquable de la lumière. Mais là où le bât blesse, pour nous, sombres critiques au cœur de pierre rongé par le mal, c’est quand l’ensemble s’effondre dans le mélodramatique à outrance, que ce soit la faute à une mise en scène par moments extrêmement appuyée, ou à un texte quelquefois ampoulé – on suppose que l’auteur est un inconditionnel de Wajdi Mouawad ! Reste l’envie criante de montrer quelque chose de neuf et d’original, et rien que pour ça, on a presque envie de passer l’éponge sur nos réserves ! AM

HORS L’OMBRE
Du jeudi 4 au samedi 6 novembre, au Théâtre de Création.

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