Le spectacle de l'immaturité

Avec Comme un eunuque décapité, Jean-Claude Brumaud, chaude voix barbarine, réalise enfin son rêve : faire du one-man-show. Mais comme il ne fait rien comme tout le monde, il le fait à deux. FC

On le sait, le barbarin fourchu est un animal insaisissable, sautillant, joueur, taquin. Il lui arrive fréquemment de s’affranchir de sa famille artistique pour aller vivre d’autres frissons scéniques. Jean-Claude Brumaud, par exemple, a déjà donné de la voix en solo pour livrer quelques-unes de ses compositions, parfois entremêlées de mises en scène à fort caractère autobiographiques. Pour sa nouvelle création, Comme un eunuque décapité («Parce que ça n’a ni queue ni tête» - la formule est un hommage revendiqué à Jean Yanne), il revient à la source primale de ce qui l’a fait monter sur scène, de ce qui l’a poussé à tenter le concours d’entrée au Conservatoire, pour finalement ne pas y aller une fois reçu : le plaisir ludique, quasi enfantin de se dire que tout est possible. Comme de commencer le spectacle en rejouant Star Wars avec une réplique du Millenium Falcon et une reprise du thème musical principal faite à la bouche. Comme de donner dans le jeu de mot laid pour mieux estourbir l’auditoire d’un calembour plus inattendu. Ou comme de débaucher la technicienne lumière, l’inénarrable Karen Ouik (les dernières personnes qui ont essayé de la narrer ont disparu), de la renommer Betty Lou Diamond, et de la catapulter sur scène dans des sketchs invraisemblables, dont une fausse bande-annonce police-friendly.

Sa vie d’artiste

Le spectacle, déjà rôdé chez le sieur Brumaud, à la Mure, est prévu pour toutes les configurations possibles, dans les bars, les salles diverses, les caves, les aéroports internationaux, pourra même se jouer dans la rue s’il le faut. Mais là, dans l’écrin du Théâtre 145, le dynamique duo en profite pour peaufiner ses plaisanteries potaches, moins bordéliques qu’elles ne voudraient s’en donner l’air, chiader son rythme, ses effets particulièrement spéciaux. Et oui, Comme un eunuque décapité a beau avoir une structure en marabout-de-ficelle élaborée au bon vouloir de ses maîtres d’œuvre, il n’en reste pas moins une création où le plaisir des intervenants ne fonctionne pas en vase clos, mais vise bien à faire mouche. Parce que ça va bien de se faire marrer entre rigolos, mais l’ambition, messieurs dames, est de se montrer généreux dans la gaudriole. Une noble mission dont les deux phénomènes ne devraient pas manquer de s’acquitter. Comme un eunuque décapité
Du mercredi 23 au samedi 26 février à 20h30, au Théâtre 145.

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