Incertain regard

NOUVEAU CIRQUE/ Portés par une scénographie ingénieuse digne d’une boîte à magie géante, Boris Gibé et Camille Boitel ont imaginé un spectacle ambitieux et surprenant qui se joue des perspectives. Aurélien Martinez

Curieuse proposition que ces Fuyantes. Puisqu’il faut la mettre dans une case, celle un brin fourre-tout du nouveau cirque convient… bien qu’elle soit terriblement réductrice. Car la force de ce spectacle est justement d’arriver à mettre en place son univers propre au croisement des arts (cirque, danse, théâtre, art plastique, art numérique…), sans qu’aucun ne prenne le pas sur les autres. Aux manettes de cet ovni, on retrouve Boris Gibé et Camille Boitel. Le premier a fondé en 2004 la cie Les Choses de Rien, pour travailler « sur la danse acrobatique, l’exploration aérienne, le théâtre corporel, la manipulation d’objets ». Des expérimentations qui parlent évidemment au second, lauréat en 2002 de la première édition de l’opération Jeunes talents cirque que le public grenoblois a découvert la saison dernière à la MC2 avec le sidérant L’immédiat. Deux artistes atypiques donc, dont la collaboration, attendue, ne pouvait donner que quelque chose de riche.

Juste une illusion d’optique

Dans un monde déshumanisé et quasi-robotisé, cinq êtres semblent condamnés à errer sans repères tangibles. Cette idée prend rapidement forme grâce à une scénographie impressionnante (et faussement désuète avec ses tissus cheap) qui se transformera au fil de l’heure de représentation. Le plateau devient alors une zone en mouvement perpétuel, ne permettant plus aux personnages – et par ricochet aux spectateurs – de se fier à une réalité quelconque. L’univers bricolé de Boris Gibé, mis en scène par Camille Boitel, fait mouche, porté par cinq interprètes (dont Boris Gibé lui-même) malléables à merci, qui jonglent autant avec les codes du burlesque (on pense par exemple aux films muets de Buster Keaton) que ceux du théâtre à la Beckett ou de la performance circassienne. Parallèlement, le jeu sur les lumières et les perspectives, subtil, renvoie à plusieurs courants de l’art moderne – le Néerlandais Escher et ses constructions improbables en tête. Une création audacieuse (pour tout ce qu’elle véhicule) et intrigante qui ne demande qu’à grandir, les toutes premières représentations mi-octobre à Annecy semblant encore fragiles.

pour aller plus loin

vous serez sans doute intéressé par...

Lundi 12 septembre 2011 La saison passée, Camille Boitel avait enchanté le public de la MC2 avec L’Immédiat, spectacle pensé dans les moindres détails où l’enchaînement d’évènements a (...)

restez informés !

entrez votre adresse mail pour vous abonner à la newsletter

En poursuivant votre navigation, vous acceptez le dépôt de cookies destinés au fonctionnement du site internet. Plus d'informations sur notre politique de confidentialité. X