Catherine Hargreaves, troubles de l'équilibre

Avec son travail sur Coleridge, Catherine Hargreaves confirme qu’elle aime bien les agités. Son déjà long parcours en théâtre (presque une dizaine de mises en scène et au moins autant de rôles d’actrices pour cette diplômée de l’Ensatt) l’a fait croiser, avec le collectif des 7 sœurs auquel elle appartient, les femmes des écrivains de la "beat generation" (Le Projet beat) et aussi Anthony Neilson. Cet auteur contemporain borderline est aujourd’hui institutionnalisé en Grande Bretagne depuis qu’il est associé à la Royal Shakespeare Company.

Elle commence par le traduire puis le présente au public français. Avec Réalisme, elle plonge dans les méandres du cerveau d’un je-m’en-foutiste et interroge les libertés qu’il nous reste avec profusion de sons, lumières et grands chambardements scéniques. Lorsqu’elle est invitée dans l’antre du théâtre des Célestins de Lyon (petite salle), elle renouvelle son compagnonnage avec Neilson pour une relecture d’Alice au pays des merveilles, Le Monde merveilleux de Dissocia. Mais à trop aller vers le trash, elle n’invente finalement rien de nouveau et s’englue. Car ce qui convient à Catherine Hargreaves, c’est l’expérience voire l’expérimentation.

Ce qu’elle fait avec le Vieux marin, elle l’avait formidablement tenté et réussi avec Dead woman laughting en 2010. Elle écrit elle-même ce texte et se met seule en scène avec un réel compte à rebours défilant en fond de plateau. Son récit et son statut de comédienne se confondent avec trouble. Pour contrer la fin (de la vie, du spectacle), elle meuble, amuse l’auditoire, se fait grave mais assume que tout s’arrête. Face aux spectateurs, elle construit, morceaux par morceaux, un plongeoir et, avec plus ou moins de stabilité, se hisse à son rebord, au dessus du vide. C’est toute l’image que l’on a du travail de Catherine Hargreaves : en équilibre, à la recherche d’un vent nouveau. Que ça fonctionne à chaque fois n’est ni possible ni le plus important. Ce qui compte est de s’autoriser l’aventure.

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