Comte de faits

Le comte de Bouderbala

Summum

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Fascinant mutant d’une scène stand-up française dont il constitue le haut du panier, Sami Ameziane, alias le Comte de Bouderbala, se paie cette semaine une virée au Grand Angle. Retour sur un parcours hors normes. François Cau

Non seulement le bonhomme se paie une carrure trahissant son passif sportif, mais Sami Ameziane cumule les particularités qui renforcent un caractère a priori intimidant : il parle six langues, a terminé ses études de commerce aux États-Unis, à l’université du Connecticut, où il donnait des cours de français tout en étant un membre actif de l’équipe de basket de son bahut, l’une des meilleurs des States.

Il s’est formé au stand-up à New York, a côtoyé toute la nouvelle scène US que les petits frenchy observent et pillent sans vergogne de loin, la bave aux lèvres. Il est même devenu leur égal en se retrouvant programmé sur la scène du Comedy Cellar où passèrent Robin Williams, Dave Chapelle, Jerry Seinfeld, et qui sert de décor aux interludes semi improvisés de l’indispensable série comique Louie de Louis C.K. Sans oublier le succès largement mérité de son spectacle, l’un des plus drôles de toute la galaxie comique française en ce moment – on vous conseille particulièrement la vision de son sketch sur les rappeurs français, hilarante remise à niveau pour tous les “truands de la grammaire“. Son parcours, il le doit autant à ses multiples talents et leur entretien assidu qu’à une obstination mâtinée de juste ce qu’il faut de bonne étoile.

Le rêve américain

Dès l’âge de quinze ans, il se prédestine déjà à une carrière sous les projecteurs grâce à sa première passion, le basket. En dépit d’une taille n’excédant pas le mètre 80, il est recruté chez les minimes du PSG Racing, où il restera trois ans avant de prétendre voir plus grand. Il vivote entre deuxième et cinquième division, se voit sélectionné en équipe nationale algérienne à plusieurs reprises, mais sa professionnalisation piétine. Pour se garantir un avenir plus sécurisant et explorer d’autres horizons, Sami décolle direction le Connecticut pour conclure ses études de commerce.

Premier gros coup de bol et signe de l’affabilité parfois tuante des Américains (qu’il décrira plus tard dans un sketch à se tordre), il décroche une place chez les Huskies, la prestigieuse équipe de basket de sa fac grâce… à sa coiffeuse, qui connaît le recruteur. Pendant un an, il brillera ainsi au milieu de futures étoiles de la NBA en tant que milieu offensif, position stratégique où ses passes décisives en font un atout de poids. Las, une blessure à l’épaule stoppe net son american dream, et le pousse à revenir en France. De retour en Seine Saint-Denis, sur les conseils de son ami d’enfance Fabien Marsaud (sur le point d’exploser sous le nom de Grand Corps Malade), il condense toutes les notes qu’il amasse depuis des années pour les transformer en spectacle comique.

Les feux de la rampe

Il se trouve d’abord un nom, le Comte de Bouderbala (“guenilles“ en arabe), un oxymore en forme de note d’intention : il jouera comme bon nombre de ses futurs collègues de stand-up sur les confrontations de stéréotypes culturels, les clins d’œil complices à ses origines, mais ne s’y réfugiera pas. Au contraire, il les détournera, les poussera dans leurs derniers retranchements au lieu de chercher la connivence facile. Après un court passage au Jamel Comedy Club, pas vraiment le format idéal pour développer ses histoires, Sami retourne aux États-Unis.

À New York, berceau de la discipline, deuxième gros coup de bol : il croise par hasard en pleine rue le comique Chris Rock, qui lui indiquera la voie à suivre pour faire ses débuts – les open mics, scènes ouvertes aux jeunes talents, où l’on a un quart d’heure pour convaincre (ou se crasher). Une dure école qui portera ses fruits ; Sami parfait son expérience, s’enrichit d’anecdotes qui garniront son futur spectacle, multiplie les contacts et les dates. Fort de ce vécu, d’une écriture dont il aura rôdé l’efficacité avec acharnement, il rentre en France et fait vite parler de lui. Faut dire que le Comte de Bouderbala se démarque très nettement de tout venant de la scène stand-up grâce à ses qualités d’écriture, d’interprétation, et un sens du rythme que beaucoup lui envie.

Le Comte de Bouderbala, mercredi 4 avril à 20h, au Grand Angle (Voiron)

 

Repère

1995-2005 : carrière dans le basket national et international (au sein de la NCAA, la NBA étudiante américaine, et de l’équipe d’Algérie)

2006 : après un bref passage au Jamel Comedy Club, puis quelques premières parties de son ami d’enfance Grand Corps Malade, il repart aux Etats-Unis et écume les scènes ouvertes stand-up de New York

2010 : la consécration – aux Etats-Unis, il est programmé en janvier au mythique Comedy Cellar ; de retour en France, il squatte le Théâtre du Gymnase pendant six mois

2012 : pour cause de succès incontrôlable, la salle parisienne l’Alhambra l’accueille jusqu’à juillet prochain, tout en lui permettant de jouer 3-4 dates par mois en extérieur ; il sera à l’affiche du film Les Seigneurs d’Olivier Dahan en septembre prochain

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