"À bas bruit" : Mathurin Bolze sur une voie de garage

A bas bruit



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Mauvaise nouvelle : la dernière création du passionnant chorégraphe et circassien Mathurin Bolze, que nous avons découverte l’an passé lors des premières représentations lyonnaises, n’est que bricolage caricaturant son propre univers…

Que des Beatles sous LSD reprennent Hey Jude avec des voix de casseroles sur un enregistrement pirate, ou qu’Eric Clapton se lance dans un solo avec trois cordes cassées dans sa salle de bains, cela peut émouvoir, certes. En dépit des sournoiseries connues du marketing, nous demeurons des êtres nostalgiques et fragiles… Mais qu’un artiste aussi doué (et en pleine possession de ses moyens, lui !) que Mathurin Bolze fasse le coup du «Je vais vous présenter une pièce bricolée dans mon garage avec trois amis (au potentiel énorme) qui serait comme une reprise en mode ultra mineur de mes opus précédents, parce que là, désolé, je n’ai aucune inspiration», cela nous attriste.

À bas bruit ressemble même à cette littérature datée où l’on s’interroge sur la possibilité de créer, l’angoisse de la "scène" blanche, la possibilité du possible, et où l’on va, tels des Derrida ou des Blanchot en culotte courte, déballer-déconstruire l’envers du (non) décor avec, entre deux parties de spectacle, des techniciens et des interprètes changeant les éléments du plateau sous nos yeux.

La roue tourne

Plus concrètement encore, À bas bruit recycle plusieurs motifs de Tangentes (pièce géniale de Mathurin Bolze datant de 2005) : même grande roue pour hamsters entraînant les corps dans sa spirale ; même tapis roulant pour ambivalences sociales (réduites aux rapports de couple post-freudiens : l’amour c’est de la haine inversée) ; mêmes façons de se faufiler sous le plateau ou de sortir d’une trappe… Mais aucun fil conducteur, aucune montée dramatique pour donner un peu de consistance à cet éparpillement de saynètes entre cirque et danse, sauvées parfois par de remarquables prouesses techniques.

Les trois interprètes se retrouvent en chœur, à la fin du spectacle, pour deux conclusions successives et presque au choix : soit un vieux truc de metteur en scène un peu lyrique avec musique entraînante s’interrogeant sur le fait de marcher et son "sens" possible ; soit un final, plombant, avec assemblage en puzzle d’une photographie de groupe humain, dont on ressent vaguement le tragique mais ne reconnaît ni ne comprend ce qu’elle représente. En voix off, Mathurin Bolze lui-même proposait : «On va marcher, prendre l’air, quitter sa chaise…». Oui, et patienter jusqu’à la prochaine création.

À bas bruit, mardi 8 et mercredi 9 octobre à 20h, à la Rampe (Échirolles). Dans le cadre des Rencontres-i

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