« Danser avant tout »

Jérémy Damian a découvert le contact improvisation il y a cinq ans, alors qu’il cherchait un sujet pour sa thèse d’anthropologie. Immédiatement séduit par cette discipline, et désireux de travailler sur le corps et les émotions, il décide d’y consacrer ses recherches, à l’UPMF Grenoble. Propos recueillis par Guillaume Renouard

L’une des spécificités du contact improvisation est qu’il se pratique en binôme. Comment se déroule cette rencontre entre deux corps ?

Jérémy Damian : Le terme technique utilisé dans le jargon est « point de contact ». La technique de base consiste à établir ce point de contact avec son partenaire pour le faire rouler sans le perdre. Le but étant de pousser ça jusqu’à parvenir à un dessaisissement des volontés respectives de chaque danseur.

D’où le terme contact, donc… La notion d’improvisation est-elle aussi importante ?

Bien sûr. À partir de ce point de contact, la danse devient un momentum, un mouvement qui s’auto-entretient. On ne fait plus d’effort pour maintenir la danse, on entre dans un flot, on se laisse porter, ça coule tout seul.

Rencontre et exploration, deux dimensions qui suggèrent un certain travail expérimental sur soi…

Les participants viennent pour s’essayer, découvrir des manières de sentir, expérimenter à plusieurs. Parmi les nombreuses personnes que j’ai interviewées pour la conduite de ma thèse, beaucoup décrivent cette pratique comme un bol d’air. On découvre que la relation à l’autre peut être totalement différente de ce que l’on a appris jusque-là. Le toucher, la proximité jouent un rôle prépondérant, les barrières sont dépassées. On peut se retrouver à danser avec quelqu’un qu’on n’avait jamais vu dix secondes plus tôt et ressentir une proximité physique incroyable.

Il s’agit donc d’une pratique sociale autant que d’une discipline artistique ?

Non ! Il ne s’agit pas non plus de se laisser aller à ses sentiments. On est là pour danser avant tout. C’est pourquoi cette discipline implique de poser un cadre très fort. Il peut se passer quasiment n’importe quoi, à condition que cela reste de la danse. D’où la nécessité de créer, d’explorer en permanence. Ne pas se complaire dans la relation à l’autre.

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