Théâtre : quinze spectacles pour une saison parfaite (ou presque)

Panorama de rentrée culturelle 2018/2019 / Suivez-nous, on vous emmène à la MC2, à l'Hexagone, au Théâtre municipal de Grenoble, à l'Heure bleue, à l'Ilyade, à l'Espace Paul Jargot, au Grand Angle...

Et pendant ce temps, Simone veille !

« Quatre générations de femmes se succèdent dans ce voyage qui s’étend de la lutte pour l’avortement à la procréation assistée. » Voilà bien un spectacle audacieux dans le fond (surtout que parler de féminisme fait encore peur à certains de nos jours) et très réussi dans la forme, comme il mixe propos politiques forts et humour bienvenu. Sur scène, les comédiennes traversent les époques et les questionnements pour rappeler que le combat féministe a certes avancé, mais reste toujours d’actualité. Passionnant (même si on peut discuter de certains propos, ce qu’on essaiera de faire en octobre avec l’une des autrices).

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À l’Heure bleue (Saint-Martin-d’Hères) mardi 9 octobre

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La Rose et la hache

Créé en 1979, déjà redonné en 2004 pour la réouverture (après travaux) de la MC2, La Rose et la hache est un spectacle culte de Georges Lavaudant, avec notamment sur scène le fameux comédien Ariel Garcia-Valdès, complice de longue date du metteur en scène né à Grenoble. Une relecture du Richard III de Shakespeare revu par Carmelo Bene qui a visiblement marqué un monde fou vu les yeux émerveillés de celles et ceux qui en vantent encore les mérites. On ira donc découvrir avec plaisir cette nouvelle reprise proposée dans le cadre des 50 ans de la MC2 – Maison de la culture de Grenoble.

À la MC2 du mardi 6 au samedi 17 novembre

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Tout va s'arranger

« Un metteur en scène décide de monter La Mouette de Tchekhov à la manière des comédies musicales de Broadway... Mais en France... Avec les moyens qu’il possède... C’est-à-dire modestes ! » Voilà le point de départ de ce spectacle que le metteur en scène et comédien grenoblois Grégory Faive annonce comme la suite de son fameux seul-en-scène Pourvu qu’il nous arrive quelque chose. Avec donc toujours un intérêt pour les coulisses du monde du spectacle, mais cette fois-ci des partenaires de jeu sur le plateau. Au vu de la réussite du premier volet et du talent de Grégory Faive quand il s’agit de créer des spectacles drôles et précis, on en attend beaucoup. Vivement début novembre pour le dévoilement de cette création.

Au Grand Angle (Voiron) mardi 6 et mercredi 7 novembre
À l’Heure bleue (Saint-Martin-d’Hères) du mercredi 10 au vendredi 12 avril


Ervart

Après plusieurs années entre chroniques télé et tournée de son seul-en-scène comique, Vincent Dedienne revient à ses premières amours : le théâtre. Et c’est dans un projet pas forcément très fédérateur sur le papier qu’on le retrouve : en tête d’affiche de la nouvelle mise en scène de Laurent Fréchuret (qui nous a livré il y a deux saisons un très convaincant En attendent Godot), sur un texte de l’auteur contemporain Hervé Blutsch (un petit-fils de Jarry selon Fréchuret) titré Ervart et sous-titré « les derniers jours de Frédéric Nietzsche ». « Ervart raconte l’histoire d’un homme fou de jalousie qui ne fait plus la part entre la réalité et l’imagination. Ervart est un archétype nouveau, un super-héros d’aujourd’hui : le jaloux fantastique » (extrait de la note d’intention). Création en octobre – on ira donc voir le résultat avant son passage par Grenoble.

Au Théâtre municipal de Grenoble vendredi 9 novembre


La Bible, vaste entreprise de colonisation d'une planète habitable

Et si Dieu était questionné frontalement sur son existence, ses pouvoirs, ses ravages ? « Tu nous crées depuis une image ? » lui demande, nez en l'air, une jeune fille harnachée en tenue de scout. Avec ses copines, elle va arpenter ce plateau étrange qui simule une salle d'EPS, mur de cordes en fond de scène, et tutoyer ce tout-puissant qui régit tout sans que l’on ne sache rien de lui. Céline Champinot a écrit, mis en scène et sous-titré ce spectacle barré (et un brin foutraque) en « vaste entreprise de colonisation d'une planète habitable ». Et a le mérite de ne pas prendre de pincettes pour aborder la croyance et l'inféodation.

À l’Hexagone (Meylan) mardi 13 et mercredi 14 novembre


Le Monde d’hier

Un spectacle déjà vu la saison dernière à la MC2 qui se trouve être une véritable réussite (d’où son deuxième passage), sobre dans la forme mais puissant dans le fond puisque basé sur l’autobiographie (et livre-testament) de Stefan Zweig – ni plus ni moins que l’un des plus grands auteurs du siècle dernier. Où l’on suit les pérégrinations de Stefan Zweig dans ce « monde d’hier » (allant de la fin du XIXe siècle jusqu’au début de la Seconde Guerre mondiale) grâce à la voix et au jeu du comédien Jérôme Kircher, tout en retenu (et non dans l’incarnation poussée à l’extrême). Absolument passionnant – on en parlera plus longuement en temps voulu.

À la MC2 du jeudi 15 au samedi 17 novembre


La famille Semianyki

Les Semianyki, ce sont des clowns sans nez rouge qui campent une famille totalement déjantée et survoltée – avec notamment des enfants bien décidés à ne pas laisser leurs parents mener la danse. Sans aucune parole prononcée, mais rien qu’avec le langage du corps, ils nous embarquent dans un univers complètement loufoque, arrivant même à toucher du doigt certaines des émotions les plus fines. Auréolée d’un impressionnant succès depuis sa création à Saint-Pétersbourg en 2003, l’aventure est toujours en tournée : tant mieux !

Au Théâtre municipal de Grenoble vendredi 7 décembre


Soleil blanc

Julie Berès est une metteuse en scène que nous avons beaucoup suivie (et, surtout, appréciée) au PB, grâce à ses spectacles forts comme Sous les visages en 2009, Notre besoin de consolation en 2010, Lendemains de fête en 2013… Qu’elle revienne dans l’agglo avec une nouvelle création (et, surtout, son théâtre qui questionne avec acuité notre monde contemporain sans pour autant sombrer dans le didactisme – on est plus du côté onirique) nous enchante donc au plus haut point.

« Comment parler de l’écologie, de la nature, loin d’un catastrophisme qui inhibe la pensée ? Soleil blanc est une fable théâtrale qui interroge notre relation à la nature. Peut-on envisager la nature autrement que comme un amas de choses vides et inertes, un réservoir de ressources à piller jusqu’à plus soif ? C’est dans cette petite brèche, inattendue et optimiste, que Soleil blanc propose de nous jeter » écrit-elle en note d’intention. Nous irons découvrir le résultat, dévoilé cet automne, avant son passage par Meylan.

À l’Hexagone (Meylan) jeudi 10 et vendredi 11 janvier


Des hommes en devenir

Des hommes face micro. Juste un tulle entre eux et nous, comme une compresse pour tenter d’amoindrir le choc de ce qui va être dit. Ils ont perdu quelque chose (un chien) ou plus souvent quelqu’un – un être aimé, un enfant à naître… Ils murmurent, parlent avec justesse de la douleur que le metteur en scène Emmanuel Meirieu sonde presqu’en chirurgien avec sa bien nommée compagnie Bloc opératoire. Attention, la sensation du pansement qui se détache difficilement d’une peau meurtrie est coriace. Peut-être parce qu’ici, nous regardons l’invisible.

À la MC2 du mardi 29 au jeudi 31 janvier


Les Premiers adieux de Miss Knife

Olivier Py est un auteur et metteur en scène phare du monde théâtral français, au point que la direction du Festival d’Avignon lui a été confiée il y a quelques années. Un artiste atypique, amoureux du verbe et des récits emphatiques qui, de temps en temps, se travestit et devient Miss Knife, chanteuse de music-hall sur le déclin. « Quand vous avez perdu beaucoup de plumes dans vos combats, il vous reste une solution : mettre ces plumes sur vos fesses ! » En découle une « petite comédie musicale qui alterne les récits chantés, parlés et les airs » entre premier et second degré ; un récital théâtral à n’en plus pouvoir dans lequel Miss Knife revient sur une vie mouvementée.

À la MC2 mardi 5 février


Nous savons

Affaire Renault, janvier 2011 : un cadre supérieur est accusé de recel, espionnage et corruption. Il aurait vendu des informations aux Chinois mais c’est bien les hauts-dirigeants de l’entreprise qui tirent les ficelles. Le metteur en scène Étienne Parc (cie Loop) montre froidement comment s’élabore une pression sur un employé qui n’est qu’une variable d’ajustement. Le cynisme nappe ce plateau simplement équipé d’un bureau et de quelques chaises impersonnelles. Un écran donne une caisse de résonnance aux propos édictés comme des couperets. Avec des comédiens solides, dont le Grenoblois Vincent Mourlon, cette pièce pose une loupe sur une cellule entrepreneuriale et regarde ses personnages comme des animaux pris en cage.

À l’Hexagone (Meylan) mardi 5 et mercredi 6 février


Laïka

David Murgia : il est des comédiens comme celui-ci que l'on suivrait n'importe où. Pour leur talent bien sûr, mais aussi parce qu'ils ont toujours quelque chose à nous dire de ce monde malade. Laïka, sur un texte du dramaturge italien Ascanio Celestini (ils avaient déjà collaboré ensemble pour le très réussi Discours à la nation), en est une nouvelle preuve. Sur scène, avec un accordéoniste à ses côtés, il nous raconte la vie de travailleurs pauvres, de malades d’Alzheimer ou d'une prostituée. Un récit politique pour un spectacle modeste mais, surtout, brillant.

À l’Ilyade (Seyssinet-Pariset) lundi 25 mars


Le Jour du Grand Jour

C’est la grande histoire du cirque qui se dessine là. Igor et Lily ont été des aventures du Cirque Aligre et de Zingaro jusqu’à inventer dans les années 1990 « la Volière Dromesko ». La MC2 a eu la bonne idée de programmer leurs deux dernières pièces pour mieux voir les rouages de ces artistes : Le Dur désir de durer (2017) et, surtout, Le Jour du grand jour (2014), véritable expérience du sensible et de l’étrange. Sur un plateau en bi-frontal, les spectateurs se font face et assistent, comme à un défilé de mode, à des cérémoniaux : mariage, baptême, grandes tablées. Mais si ici tout est somptueux et soigné, tout est aussi dézingué avec la présence d’animaux en tous genres – oiseaux, cochons… Et les Dromesko de mettre au jour les mensonges cachés sous les convenances. Délicieux, décalé et unique.

À la MC2 du mardi 2 au samedi 6 avril


Les Fils de la terre

Et voici un spectacle centré sur une partie de la population peu représentée dans le théâtre contemporain – et également peu mise sur le devant de la scène médiatique. Soit l’histoire d’un jeune agriculteur qui n’arrive plus à faire tourner l’exploitation familiale et croule sous les dettes. Une tragédie ordinaire où l’intime (les conflits familiaux par exemple) côtoie la grande histoire (la crise du modèle agricole) autour d’un récit solidement ficelé qui se suit avec plaisir.

À l’Espace Paul-Jargot (Crolles) jeudi 4 avril


Tous des oiseaux

Wajdi Mouawad, à la tête d’un théâtre national (la Colline, à Paris) depuis deux ans, semble avoir repris le souffle qui lui avait assuré un immense succès il y a une dizaine d’années – avec des pièces comme Littoral, Incendies ou encore Forêts. Cette nouvelle, créée en novembre 2017, a l’ampleur des récits épiques. Celui-ci est moderne et lorgne vers la série télé, la logorrhée y est intense et maîtrisée et le sujet embrasse tous les continents et les conflits actuels. Soit une jeune Arabo-Américaine qui tombe amoureuse d’un juif dans une bibliothèque universitaire new-yorkaise. Les entraves de leurs familles rigides et moins rangées qu’elles ne paraissent, l’embrigadement religieux, les déchirures : tout est réuni pour tenir le spectateur en haleine durant 4h (même si l’ensemble faiblit en bout de course), en diverses langues, avec des comédiens magnifiques et parfaitement polyglottes.

À la MC2 du samedi 11 au jeudi 16 mai

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