La féminisation des noms de métier, l'Académie française et le conservatisme

Édito du n°1124 - mercredi 27 février 2019 - Petit Bulletin Grenoble

On peut ne pas être progressiste – on est en démocratie pardi, on a encore le droit de penser n’importe quoi ! Mais, si on réfléchit de façon pragmatique, pourquoi vouloir absolument s’évertuer à défendre des idées rétrogrades alors qu’on sait d’avance qu’elles finiront un jour par être obsolètes ? Et, surtout, pourquoi se battre à ce point pour laisser une trace pas très reluisante dans l’histoire ?

Enfin ! L’Académie française, censée être garante, dans une France très respectueuse des institutions, du bien parler et du bien écrire, va voter cette semaine (le 28 février) un rapport sur la féminisation des noms de métier. Car oui, pour l’Académie, cette féminisation était jusqu'ici une barbarie sous prétexte que le genre masculin est neutre : un argument pourtant historiquement contestable (le mot "autrice" était par exemple couramment utilisé en France avant le XVIIe siècle) et, surtout, néfaste, la langue sanctuarisant implicitement un rapport de domination.

Surtout, quand on relit les arguments de celles et ceux qui s’opposaient (et, pour une partie, s’opposent toujours) à cette féminisation, il y a de quoi rire et/ou bondir – « par exemple, certains académiciens ont expliqué qu'ils n'aimaient pas "doctoresse" parce que cela rime avec "fesse", sans s'apercevoir que le terme rime aussi avec "princesse" ou "enchanteresse" ! » a expliqué à L’Express la linguiste Maria Candea, corédactrice en 2016 de l'ouvrage L'Académie contre la langue française, le dossier "féminisation". Et les spécialistes de rappeler qu’historiquement, l’Académie a finalement toujours été très conservatrice – si ce n’est pire. De là à en tirer une conclusion définitive…

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