Culture en rase campagne

Politique / À quelques jours du premier tour des élections municipales, nous avons souhaité rencontrer Gérard Collomb et Dominique Perben, les deux principaux candidats, afin d'en savoir plus sur leurs programmes culturels. Dorotée Aznar

Le bilan des années Collomb
Rien de très surprenant, Gérard Collomb se félicite des actions menées pendant son premier mandat. Avec «20% du budget de fonctionnement de la Ville pour la culture et un investissement de 100 millions d'euros», l'actuel maire de Lyon pense avoir fait évoluer l'offre culturelle et entraîné les grosses structures «dans une dynamique de «portage» et d'aide aux plus petits, comme le Ballet de l'Opéra avec les Pockemon Crew».Rien de très surprenant non plus du côté de Dominique Perben qui juge le bilan de l'équipe sortante «sans énergie». Il affirme en effet qu'«il n'y a pas eu d'innovations formidables depuis sept ans» et que «toutes les décisions importantes avaient été prises avant le premier mandat».La scène «émergente»
La nécessité d'une culture qui dépasse des cadres fixés par l'institution semble acquise pour les deux candidats. Là où les avis divergent, c'est sur les moyens de permettre à cette scène dite «émergente» d'exister.Pour Gérard Collomb, il s'agit de trouver dans la ville des lieux où la créativité doit pouvoir s'exprimer. «Je pense qu'on ne peut donner naissance à une culture émergente que dans des lieux qui ont un caractère un peu spécial. Le Théâtre des Célestins n'est pas fait pour accueillir la création contemporaine... Je souhaite par exemple que la friche RVI redevienne un lieu où les différents collectifs pourront s'exprimer», explique-t-il.
L'actuel maire de Lyon dit être conscient du manque de lieux de répétition disponibles, notamment dans le domaine des musiques actuelles et assure que «quelques lieux de répétition seront créés dans les années à venir». Pour ce qui est des subventions, Gérard Collomb pense «qu'il faut donner aux grosses structures les moyens de se développer sans nuire à la possibilité de financer les petites compagnies». Pour Dominique Perben, le principal problème des jeunes artistes n'est pas le manque de locaux de répétition mais «un manque de transparence en ce qui concerne les acteurs culturels non institutionnels». Pour remédier à cette absence de transparence, il envisage de «mieux organiser les relations entre la municipalité et le monde culturel non institutionnel». Une gestion très 'Nouvelle Star' avec «une sorte de jury pour donner un avis indépendant du politique et ce afin de préparer les octrois de subventions». Un jury qui serait composé de «membres issus du monde culturel, de gens indépendants...»Les Subsistances
Lieu de création contemporaine dont la direction est assurée par Guy Walter et Cathy Bouvard, les Subsistances sont l'une des grandes fiertés de l'équipe en place. «Avec les Subsistances, nous avons donné les moyens d'accueillir des formes nouvelles de création. À mon arrivée, l'une des premières décisions que j'ai été amené à prendre a été d'installer Guy Walter aux Subsistances. À l'époque, cela avait fait un certain remous», se souvient Gérard Collomb.S'il ne fait aucun doute que les Subsistances ont permis d'accueillir à Lyon des formes qu'aucune autre structure locale ne programmait, le fonctionnement de cette institution est vivement attaqué par l'UMP et notamment par Fabienne Lévy, tête de liste de Dominique Perben dans le 1er arrondissement qui souhaite dans son programme «ouvrir ce lieu aux artistes». Pour Fabienne Lévy en effet, «les Subsistances ne sont ouvertes qu'aux artistes qui ont déjà un réseau bien constitué et qui sont déjà reconnus par ailleurs». Selon elle, le lieu, qui aurait pu accueillir des studios de répétition pour les petites compagnies et des ateliers pour les jeunes peintres, «ne remplit pas sa mission de service public».Les budgets alloués à la culture
Les deux candidats affirment la nécessité d'un subventionnement fort de la culture. S'il ne donne pas de chiffres précis, Dominique Perben explique qu' «avoir un budget culturel fort est un des grands choix historiques de Lyon, important pour nourrir la vie locale». Prenant pour exemple son action menée en tant que maire de Chalon-sur-Saône, le candidat affirme que «la vie culturelle d'une ville est stratégique».
En cas de réélection, Gérard Collomb envisage de garder un budget de la culture équivalent au budget actuel (soit 20% du budget de fonctionnement de la Ville). Un festival de cinéma
Le plus malin, c'est sans doute Thierry Frémaux. Le directeur de l'Institut Lumière a en effet réussi à vendre son projet de festival de cinéma aux deux candidats. «Lyon a la chance d'avoir l'Institut Lumière qui est une très belle institution. J'ai repris les propositions de Thierry Frémaux pour mettre en place un festival de cinéma car je pense qu’on a là une pépite, qui peut devenir quelque chose de formidable si on l'accompagne intelligemment», déclare Dominique Perben.
Gérard Collomb affirme quant à lui : «avec Thierry Frémaux, nous envisageons un aspect muséal, c'est-à-dire montrer des films anciens restaurés par les techniques nouvelles, et un aspect carte blanche donnée à un grand cinéaste. En même temps, il faut imaginer le croisement entre le cinéma, le jeu vidéo, ce que permet aujourd'hui le numérique...». Deux mots : Bravo Frémaux. Lyon, capitale européenne de la culture en 2013
Encore un sujet qui fait l'unanimité. Le travail sur la candidature de Lyon au titre de Capitale européenne de la Culture mené par Gérard Collomb a porté ses fruits, Lyon étant aujourd'hui parmi les quatre finalistes. Dominique Perben semble le reconnaître en déclarant : «si je suis élu, rien ne changera concernant la candidature de la ville au titre de Capitale européenne de la Culture. Il serait absurde d'arrêter le processus. Je regarderai simplement comment le travail est fait».

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