Françoise Maimone, directrice artistique de l'Astrée, explique la vie ce lieu culturel niché sur le campus de Lyon 1. Un théâtre, une galerie d'art (Domus) et des ateliers à foison pour les étudiants mais aussi pour tous les publics.
Propos recueillis par Nadja Pobel
Petit Bulletin : Comment est né l'Astrée ?Françoise Maimone : Ce théâtre a longtemps été géré par des associations étudiantes puis s'est structuré avec Gérard Maimone qui venait de terminer son travail à l'École Nationale de Musique de Villeurbanne. Il a découvert ce théâtre et le président Domitien Debouzie qui était une personne exceptionnelle, décédé depuis, a toute suite adhéré à ses propositions. Gérard étant musicien, il a axé sa programmation autour des concerts. C'était une période où tout se mettait en place financièrement, il n'y avait pas le budget actuel, le lieu était mis à disposition pour des compagnie de théâtre, de danse qui, en échange, devaient présenter leurs travaux aux étudiants. Les représentations étaient gratuites. De mon côté, je travaillais à la salle Gérard Philipe de Villeurbanne qui a fermé et j'ai pris la suite de Gérard à l'Astrée comme un prolongement de ce que je faisais. La Région a aussi accepté le principe et a accordé des subventions supplémentaires. Aujourd'hui, le budget global est d'environ 300 000€ qui viennent de l'Université en premier lieu, puis de la Ville, de la Région et de la DRAC. En France, nous devons être l'université la mieux dotée en la matière. Depuis octobre 2005, ma compagnie est ici et on travaille main dans la main avec la mission culturelle. J'entame ma quatrième année.
Quelles sont les missions de l'Astrée ?Il y a la formation. La mission culturelle gère une vingtaine d'ateliers (danse, musique, vidéo, photos, etc.)... 400 étudiants s'inscrivent à ces ateliers. L'autre mission est la création, la vie artistique. Je crée mes propres spectacles et je partage le plateau avec d'autres compagnies. Les créateurs viennent à moi ; énormément d'équipes artistiques me proposent des projets. J'accueille plus une équipe qu'un produit fini. La réussite d'un spectacle tient en partie au lieu qui l'accueille. C'est très important. Je suis très ouverte à toutes les formes artistiques à partir du moment où c'est authentique, où les équipes ont envie de défendre intensément leur projet. C'est primordial.
De ce point de vue, l'Astrée fonctionne comme un théâtre à part entière...Oui, avec deux priorités très importantes : de l'exigence artistique et une liberté totale. Je ne suis pas un théâtre de ville, je peux prendre des risques artistiques réels. On a eu des spectacles qui ont étonné. On n'est pas là pour faire du remplissage.
Vous avez le souci de la lisibilité de votre programmation...Nous créons des festivals tout au long de l'année : Chaos Danse au printemps, un peu avant, il y a Le Bruit de la neige, regroupement de spectacles musicaux. Des groupes de chanson, de rock, de metal, des étudiants, des professionnels, des centres de formations ont accès à la scène. C'est une sorte de tremplin. Et l'orchestre de l'Hostel-Dieu donne aussi un concert à cette occasion. En fin d'année, il y a les Arthémiades, présentations des travaux de nos ateliers et de ceux d'autres universités. Nous avons un orchestre symphonique et un orchestre d'harmonie...
Comment expliquez-vous que ce soit une université scientifique qui ait la structure culturelle la plus visible ?Ça tient beaucoup aux personnes. Le président de l'université Lionel Collet, est comme son prédécesseur, très attaché à cette ouverture culturelle. Ce sont des présidents très humanistes qui veulent apporter une ouverture artistique à leurs étudiants. Il y a aussi une volonté d'accueillir des personnes de l'extérieur comme si le campus était un quartier de Villeurbanne.
Qui compose votre public ?À 60-70% ce sont des étudiants et des lycéens. On travaille aussi avec les Grandes Écoles type CNSMD ou CNR. Par ailleurs, de nombreux enseignants viennent régulièrement, qu'ils soient de Lyon 1 ou d'une autre université. La véritable démocratisation culturelle passe par la gratuité pour les étudiants et les lycéens. Et on essaye d'être très exigeant : ce n'est pas parce que c'est gratuit que ça doit être mauvais. Il faut offrir ce qu'il y a de mieux car on s'adresse à une population jeune ; il ne faut pas la décevoir mais l'encourager à revenir sans tomber dans la facilité.
