Jeux de lumière

L’édition 2008 de la Fête des Lumières se donne pour objectif de transformer la ville en un vaste terrain de jeux. Le but : séduire les cinq millions de visiteurs que les organisateurs espèrent accueillir. Dorotée Aznar

Il y a bien longtemps déjà que le caractère religieux, modeste et spontané de la Fête des Lumières est un vague souvenir. Cette année devrait encore marquer une étape dans l’officialisation de la manifestation, présentée non plus comme une simple fête mais comme un festival. «Un festival international de quatre jours et quatre nuits», a précisé le maire de Lyon, Gérard Collomb, qui espère attirer «cinq millions de visiteurs» pour cette nouvelle édition. Une course à la fréquentation surprenante quand on sait qu’avec quatre millions de visiteurs en 2007, le parc hôtelier affichait un taux d’occupation de 100% et que la gestion des déplacements et de la sécurité des visiteurs s’avère toujours plus complexe, en dépit des diverses tentatives pour attirer le public en dehors de la Presqu’île.RETOUR EN ENFANCE
Cette année encore, seul un tiers des 70 projets artistiques au programme sera proposé sur la Presqu’île. De nouveaux parcours ont été imaginés, comme celui des Berges du Rhône où Lionel Bessières et Catherine da Silva proposent aux visiteurs une balade de plus d’un kilomètre (entre la place Louis Pradel et le parc de la Tête d’Or), à la découverte de l’Atlantide et de ses abysses féeriques. Et de fées et autres monstres, il sera largement question en 2008, avec une édition placée sous les signes de la poésie, du jeu et du «retour en enfance». La place des Terreaux, haut lieu de rassemblement et d’expérimentations plus ou moins farfelues ces dernières années, se transformera ainsi en un immense coffre à jouets. Les bâtiments bordant la place s’écrouleront et renaîtront aussitôt, comme des monuments en mousse évoluant au gré de l’imagination d’un personnage géant. Dans le deuxième arrondissement, la fontaine des Jacobins deviendra un gigantesque mobile composé de 24 poissons projetant leurs ombres sur les façades des immeubles alentour. Et pour regarder des poissons tout en ayant l’air quand même un peu intelligent, on notera que le créateur de ce mobile pour adultes n’est autre que Bibi, le designer qui a réalisé la façade du squat de Rivoli à Paris. À écailles ou à poils, les animaux ont largement inspiré les artistes, des sculptures géantes en papier dans le quartier de Ménival (Lyon 5e) aux ballets de poissons imaginaires dirigés par les pas des passants sous le Pont Lafayette (Lyon 3e).FÊTE PARTICIPATIVE
Beaucoup d’installations mises en place dans les quartiers résultent d’une collaboration entre artistes et habitants et le nombre de projets issus de la concertation avec les acteurs locaux est en hausse significative. Et quand on ne demande pas aux habitants de créer euxmêmes l’événement, on leur demande de l’animer, comme dans la rue d’Austerlitz (Lyon 4e) où les fenêtres des immeubles deviennent des supports pour un Morpion ou un Tetris géant, dirigé depuis la rue par un tapis de jeu. Des jeux et des animaux, des animations interactives, des feux d’artifice et du grand spectacle sur les principaux sites (Fourvière, Cathédrale Saint- Jean, Théâtre des Célestins), tout est réuni pour séduire un public familial. Pour les projets plus expérimentaux, il faudra prendre la direction des pentes de la Croix-Rousse (montée de la Grande Côte, rue des Tables Claudiennes), du septième arrondissement (Galerie Roger Tator, terrasses de la Guillotière) ou du neuvième... Avec un budget de deux millions d’euros, en légère hausse par rapport aux 1, 8 millions investis l’année dernière (dont 30% pris en charge par des partenaires privés), la Fête des Lumières 2008 tentera une fois encore d’afficher son caractère tout public en recherchant un équilibre entre grand spectacle et créations plus pointues.LA FÊTE DES LUMIÈRES
Du 5 au 8 décembre, de 18h à 1h.

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