Libé forum : jour 2 - Samedi 19 septembre

9h20
Retour sur la place de la Comédie après une première journée achevée par des questionnements sur la presse européenne. Comment peut-elle lutter contre le pouvoir politique ? Ezio Mauro, directeur du quotidien italien 'La Repubblica', un des rares médias n'appartenant pas à Silvio Berlusconi, a été très véhément envers les pratiques du chef d'État de son pays. Depuis trois mois, 'La Repubblica' publie les dix questions auquelles Berlusconi ne veut pas répondre sur les liens entre ses aventures avec de jeunes femmes et le fait que certaines d'entre elles aient obtenu des mandats électifs. «Le combat, dit Ezio Mauro est celui d'interroger la démocratie. Actuellement, elle s'érode». Le constat était assez négatif également du côté de son homologue espagnol d''El Pais'. Javier Moreno rappelle qu'après l'époque Franco où les médias étaient sous le joug du dictateur, l'Espagne a joui d'une période de saine distance entre la presse et le pouvoir «mais cela se dégrade aujourd'hui». Le parti populaire, dans l'opposition, «est en train d'étudier les pratiques de Berlusconi» afin de museler les contradicteurs. Javier Moreno s'inquiète de cette dérive et, commentant le cas italien, note que s'il y a dix ans il était impensable qu'un homme politique ne réponde pas aux questions des journalistes, désormais ce silence est courant. 9h35
Le chapiteau monté place des Terreaux est presque plein. Plus de 300 personnes ont renoncé à la grasse matinée du week-end pour écouter un témoin de l'Histoire. Le Général Jaruzelski, principal dirigeant de la Pologne dans les années 80 est présent. À 86 ans, il porte toujours les mêmes lunettes fumées et son envie de donner sa version des faits est intacte. Imposant son temps de parole en n'hésitant pas à rabrouer la modératrice de la rencontre, il veut justifier ses actes, d'autant plus qu'il est inculpé de «crime communiste» et encourt jusqu'à huit ans de prison pour avoir imposé la loi martiale en 1981. Rappel des faits : fin 81, Jaruzelski, alors Premier ministre, a décrété l'état de siège sous la pression des Soviétiques pour mieux encadrer le premier syndicat du bloc de l'Est créé un an auparavant, Solidanosc, emmené par Lech Walesa. Jaruzelski dit ce matin lors du forum ne pas avoir fait un coup d'état le 13 décembre, «cette décision d'instaurer loi martiale était prise par un corps légal». Le recours à la force n'a néanmoins pas été évité. Les chars ont roulé sur les ouvriers. Jaruzelski confesse n'avoir aucune nostalgie pour cette époque passée et s'excuse de la violence de la répression, «un moindre mal» selon ses termes. Il insiste sur le fait que cette décision était murement réfléchie, qu'il avait conscience que cela allait changer l'histoire de la Pologne et que les semaines précédant cette décision, ses nuits ont été "peuplées de cauchemars". Il revient aussi sur ses origines nobles et cet étrange parcours qui l'a mené jusqu'au communisme alors qu'il connaissait entre temps la déportation dans les montagnes de l'Altaï et que son père était envoyé dans les goulags sibériens. Face à cet acteur incontournable de l'émiettement du bloc soviétique, Hubert Védrine, ancien ministres des Affaires Étrangères français, apporte un éclairage plein de lucidité sur cette période. Récemment, il rencontrait Mikhael Gorbatchev pour les besoins de la chaine 'France 2'. À un mois et demi du 20e anniversaire de la chute du Mur, il rappelle le rôle absolument déterminant du Russe qui, contrairement à ses prédécesseurs vieillissants (Brejnev, Andropov et Tchernenko), a bousculé la donne. «Gorbatchev voulait réformer l'URSS mais ne cherchait pas à maintenir le régime communiste dans les pays satellites, il leur a dit clairement “je ne m'occupe plus de vous, vous devez faire votre perestroïka”». Peu à peu, les frontières sont devenues plus poreuses. Au printemps 1989, 15 à 20 000 Allemands ont fuit la RDA via les frontières tchécoslovaques. Hubert Védrine conclue, et Jaruzski l'approuve, en se souvenant que cet effondrement du régime communiste s'est fait sans aucun recours à la force alors que les analystes de l'époque prévoyaient des bains de sang.12h15
Dans l'amphithéâtre de l'Opéra, le succès est aussi au rendez-vous. Plus d'une centaine de personnes écoutent l'évêque polonais de la fin des années 80, Mgr Dembowski, débattre de la notion de résistance avec le sociologue Alain Touraine. L'Europe à 27, la gauche européenne, la défense, les alternatives à la crise sont au programme des débats de l'après-midi. Nadja Pobel

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