No smoking
L’Olivier
Véritablement reconnu en France avec "Dorian", dans lequel il revisitait "Le Portrait de Dorian Gray" d’Oscar Wilde en le transposant dans l’Angleterre décadente et superficielle des années 80, Will Self est un habitué des romans aux allures de fables modernes (on se souvient notamment de "Ainsi vivent les morts" ou "Les Grands Singes"). Avec "No Smoking", on retrouve cette tradition des fictions dont la cocasserie est au service d’une réflexion assez profonde sur l’état de notre monde contemporain. À travers l’histoire kafkaïenne d’un touriste «anglo» (mi-américain, mi-anglais, en tout cas occidental…) aux prises avec la justice d’un pays «exotique» (l’Australie, peut-être) pour avoir transgressé les lois anti-tabac, Will Self s’attaque, par le prisme de l’humour et de l’absurde, à de nombreux enjeux clés des rapports entre le Nord et le Sud : le tourisme de masse, la perversion des peuples autochtones par la «civilisation» occidentale, l’arrogance des colons interventionnistes, la bêtise de cette supposée élite… À la fois burlesque et angoissant, drôle et terrifiant, ce conte noir philosophique allie le foisonnement de l’imaginaire et la lucidité intellectuelle, l’humour débridé et la rigueur formelle, le plaisir romanesque et le propos idéologique. Une alchimie presque parfaite entre satire politique et comédie déjantée… YN
