Istanbul, son amour

Orhan Pamuk

Les Subs

ce spectacle n'est pas à l'affiche actuellement

Indissociable de sa ville, Istanbul, Orhan Pamuk, couronné du prix Nobel de littérature en 2006, est l’un des plus précieux invités des Assises Internationales du Roman qui débutent lundi. Esquisse de portrait. Nadja Pobel

Dans le documentaire Arte qui lui est consacré (ainsi qu’à ses compatriotes Sema Kaygusu et Elif Shafak) et qui sera diffusé en avant-première aux Assises, Orhan Pamuk l’affirme sans détour : «Istanbul a déterminé ma personnalité, mon bonheur, ma tristesse». Le reste, est-on tenté de poursuivre, est littérature. Sa littérature. Qui est à ce point empreinte de la cité turque que l’un et l’autre sont désormais indissociables.

Comme dans son fameux Istanbul, souvenirs d'une ville, roman quasi historique paru en 2003 – et traduit en français en 2007, dans la foulée de l’attribution du Nobel - où sa vie se mêle à celle de la ville, photos de famille et vieux clichés ou gravures inclus. Ses premiers pas, ses premiers émois, sa jeunesse dorée dans l’immeuble Pamuk d'un quartier résidentiel à l’ouest de Beyoglu et de la Tour de Galata y sont matières à sentir l’évolution de La Magnifique, de l’arrivée des pachas ottomans et de leurs grandes résidences sur les rives du Bosphore au XIXe siècle, à ses propres souvenirs d'enfant de la fin d'une civilisation passée «sous influence occidentale mais sans perdre sa caractéristique et sa force propre». C’est d'ailleurs dans ce même ouvrage qu’il imagine la notion de «hüzün», sorte de spleen idéal, «sentiment noir éprouvé conjointement par des millions de personnes» qui définit avec grâce ce territoire à la croisée de deux continents et deux cultures si radicalement différents et qui pourtant trouvent ici un terrain d’entente.

Sainte-Sophie et Galatasaray

Cependant, tout n’est pas que nonchalance fataliste à Istanbul et dans l'oeuvre de Pamuk. Car les Stambouliotes, face aux extrémistes ou au pouvoir trop islamisé de Tayyip Recep Erdogan, savent être frondeurs. De cet aplomb, Pamuk fera les frais : on se souvient de sa mise en examen et des menaces qu'il reçut après s'être insurgé dès la première heure contre la fatwa subie par Salman Rushdie ou quand il compatit, dans une interview pour un journal suisse, avec les nombreuses victimes arméniennes qui jonchaient le sol turc en 1915.

S’il a soutenu les récents assauts de la jeunesse laïque, héritière d’Atatürk, sur la place historique de Taksim, il ne cesse pourtant dans ses écrits de prendre de la hauteur sur les questions étatiques et sociétales les plus épineuses - comme dans Neige, qui aborde le port du voile – expliquant dans le documentaire pré-cité qu’«il est facile de rejeter l’islam politique mais (que) le comprendre a plus de valeur». Avant de rappeler que «l’art du roman repose sur une base humaine fondamentale : la compassion». Lui n'en manque assurément pas.

Parcours d'une oeuvre : Orhan Pamuk
Aux Subsistances, dans le cadre des Assises Internationales du Roman, mardi 20 mai

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