La forteresse dans le ciel : la cité Vauban de Briançon

Si l'on en croit le titre de l'un de ses recueils d'observations, Sébastien Le Pestre de Vauban n'a pas fait grand chose de sa vie. Si ce n'est édifier près de deux cents fortifications à travers la France. Rien qu'à Briançon, elles sont au nombre de cinq, et pas des moindres. Benjamin Mialot

On a coutume de dire des marins qu'ils ont une femme dans chaque port. Le marquis de Vauban, architecte militaire de son état, aurait pu en avoir une dans chaque fort, lui qui, à l'aube du Siècle des Lumières, a constellé la France de citadelles avec la gourmandise d'un enfant bâtissant des châteaux de sable – à l'exception du Fort Boyard, entreprise qu'il jugea, à tort, impossible.

Sise à deux cents petits kilomètres de Lyon, sa cité homonyme est l'une de ses plus belles réalisations, enceinte aux mille détails (fontaines, cadrans solaires, maisons restaurées aux façades pimpantes, reconstitution d'un puits détruit au XIXe siècle et même un centre d'art contemporain, installé dans les anciennes prisons du palais de justice) qui coiffe tel un diadème de pierre la plus haute ville d'Europe (1326 m d'altitude), Briançon. On peut en faire le tour des remparts ou la quadriller au gré des ruelles. Dans les deux cas, ce n'est que le début de la visite. Car Vauban a légué aux Briançonnais – ou Gargouillards, surnom dérivé des Gargouilles, deux canalisations à ciel ouvert héritées du Moyen-Âge – pas moins de quatre autres chefs-d’œuvre.

Quatre à la suite

D'abord le fort des Salettes. Très bien conservé, il domine la ville depuis 1712 et visait à surveiller la route menant vers Milan. Le fort des Têtes, lui, est le plus important – une fois et demi plus grand que la vieille ville, il pouvait abriter à peu près 1250 hommes. Surplombant les vallons environnants, on le gagne par un pont d'une seule arche de quarante mètres de long digne d'un bouquin de Tolkien : le pont d'Asfeld, surnommé le "pont du Diable" car il se prêterait particulièrement bien aux suicides – cinquante mètres plus bas coule la Durance. Veille sur lui le fort de Dauphin. Serti d'un imposant mur de plus de neuf mètres de hauteur, il est malheureusement dans un état de délabrement avancé. Le fort du Randouillet, enfin, lui-même conçu pour protéger celui de Dauphin, a la particularité d'être organisé comme un véritable campement.

Se dressant non loin du parc national des Écrins, tous ces ouvrages composent un ensemble qui, non content de constituer un véritable musée du style Vauban (abolition des angles morts, utilisation des reliefs naturels, enterrement des murailles...), rend compte de trois cent ans d'évolution de l'architecture militaire – même la ligne Maginot a épousé ses contours. L'UNESCO ne s'y est pas trompé en l'inscrivant en 2008, à l'instar de onze autres sites made in Vauban (dont la voisine et toute aussi impressionnante place forte Mont-Dauphin, bâtie de toutes pièces en 1692), à sa liste du patrimoine mondial.

 

Briançon et sa cité Vauban (Hautes-Alpes)
A 220 km de Lyon

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