L'European Lab pense l'Europe de la culture
CONNAITRE le Mardi 8 mars 2016 | par Sébastien Broquet
Newsletter Lyon
Chaque semaine, en un coup d'oeil, tous les programmes. un outil pratique et complet pour constituer sa semaine de sorties à Lyon
On n'en a peut-être pas toujours conscience mais on ne peut évoquer aucun sujet, n'aborder aucun problème sans marcher droit devant, la tête tournée en arrière. C'est tout le paradoxe de notre société ultra-connectée, ultra-techno, qui nous propulse toujours plus vite vers le futur et donc l'incertitude que d'avoir rendu cette réalité encore plus forte. En son temps, le romancier canadien Douglas Coupland évoquait dans son Generation X, « l'Ultra-nostalgie » dont la définition était la suivante : « nostalgie du passé immédiat, "merde, ça allait quand même mieux la semaine dernière" ». Or ce concept sur lequel Coupland mettait alors le doigt nous a attrapé le bras et avalé tout entier.
Dans Retromania, qui a définitivement assis sa réputation de popologue, le critique rock Simon Reynolds en fait le constat incontestable : la mise à disposition technologique du passé (musical, culturel plus généralement) a ouvert les vannes d'une nostalgie à laquelle il était bien plus ardu de se connecter du temps du Minitel, du téléphone à cadran ou de l'ORTF. Devant la difficulté à se bâtir une culture qui est aujourd'hui à portée de clics, il était alors plus commode sinon plus naturel, dans les années 60, 70 et 80 de se construire à l'aune du contemporain, de sa continuation ou de sa destruction.
CONNAITRE le Mardi 8 mars 2016 | par Sébastien Broquet
Les années 2000, la révolution numérique, auront été celles du grand basculement dans la post-modernité généralisée, le culte du kitsch, la religion de l'archive et du déchet érigé en relique, la dictature du vintage, la dynamique bégayante du remix. Un tout-référentiel porté par le constat, ou l'illusion du constat, que puisque tout aurait déjà été fait, il n'y aurait alors qu'à refaire, qu'à revivre l'Histoire non vécue, comme une farce, un carnaval. Jusqu'à l'effet (de) masse, la surcharge, la désincarnation, autrement dit le passage de l'ontologie à l'hantologie, terme que Reynolds emprunte à Derrida.
On ne peut le dire autrement, et Reynolds le sait, qui a toujours relié la culture au social, qu'il s'agisse de twee-pop et de house sous Thatcher ou du post-punk (son ouvrage Rip it up and start again dont le titre dit bien ce qu'il veut dire), c'est là le symptôme d'une crise, d'une société qui n'avance plus, d'une croissance et d'un espoir enterrés, d'un cadavre impossible à ranimer.
Simon Reynolds viendra en débattre à l'occasion de la conférence Tomorrow never Known : le futur imprévisible de la pop culture, dans le foisonnement d'un European Lab comme hanté, si l'on en croit le nombre de conférences qui y sont plus ou moins directement consacrées, par cette question, qui est aussi celle de notre avenir tout court.
Tomorrow never Known : le futur imprévisible de la pop culture
Au musée des Confluences dans le cadre de l'European Lab le jeudi 5 mai à 17h
On n'en a peut-être pas toujours conscience mais on ne peut évoquer aucun sujet, n'aborder aucun problème sans marcher droit devant, la tête tournée en arrière. C'est tout le paradoxe de notre société ultra-connectée, ultra-techno, qui nous propulse toujours plus vite vers le futur et donc l'incertitude que d'avoir rendu cette réalité encore plus forte. En son temps, le romancier canadien Douglas Coupland évoquait dans son Generation X, « l'Ultra-nostalgie » dont la définition était la suivante : « nostalgie du passé immédiat, "merde, ça allait quand même mieux la semaine dernière" ». Or ce concept sur lequel Coupland mettait alors le doigt nous a attrapé le bras et avalé tout entier.
Dans Retromania, qui a définitivement assis sa réputation de popologue, le critique rock Simon Reynolds en fait le constat incontestable : la mise à disposition technologique du passé (musical, culturel plus généralement) a ouvert les vannes d'une nostalgie à laquelle il était bien plus ardu de se connecter du temps du Minitel, du téléphone à cadran ou de l'ORTF. Devant la difficulté à se bâtir une culture qui est aujourd'hui à portée de clics, il était alors plus commode sinon plus naturel, dans les années 60, 70 et 80 de se construire à l'aune du contemporain, de sa continuation ou de sa destruction.
CONNAITRE le Mardi 8 mars 2016 | par Sébastien Broquet
Les années 2000, la révolution numérique, auront été celles du grand basculement dans la post-modernité généralisée, le culte du kitsch, la religion de l'archive et du déchet érigé en relique, la dictature du vintage, la dynamique bégayante du remix. Un tout-référentiel porté par le constat, ou l'illusion du constat, que puisque tout aurait déjà été fait, il n'y aurait alors qu'à refaire, qu'à revivre l'Histoire non vécue, comme une farce, un carnaval. Jusqu'à l'effet (de) masse, la surcharge, la désincarnation, autrement dit le passage de l'ontologie à l'hantologie, terme que Reynolds emprunte à Derrida.
On ne peut le dire autrement, et Reynolds le sait, qui a toujours relié la culture au social, qu'il s'agisse de twee-pop et de house sous Thatcher ou du post-punk (son ouvrage Rip it up and start again dont le titre dit bien ce qu'il veut dire), c'est là le symptôme d'une crise, d'une société qui n'avance plus, d'une croissance et d'un espoir enterrés, d'un cadavre impossible à ranimer.
Simon Reynolds viendra en débattre à l'occasion de la conférence Tomorrow never Known : le futur imprévisible de la pop culture, dans le foisonnement d'un European Lab comme hanté, si l'on en croit le nombre de conférences qui y sont plus ou moins directement consacrées, par cette question, qui est aussi celle de notre avenir tout court.
Tomorrow never Known : le futur imprévisible de la pop culture
Au musée des Confluences dans le cadre de l'European Lab le jeudi 5 mai à 17h
Crédit Photo : © Michel Meuwissen
CONNAITRE | La culture est-elle facteur de démocratie ? L’édition 2016 de l’European Lab, qui se tiendra du 4 au 6 mai prochain à Lyon, se penche sur l'essor de la (...)
CONNAITRE | La liste des invités du European Lab, le pendant réflexif de Nuits Sonores, s'allonge. Viennent d'être confirmées les présences d'Edwy Plenel (qui viendra tenir (...)
CONNAITRE | Invité à réfléchir au(x) "Devenir(s) de la littérature", William Marx est l'auteur du savoureux La Haine de la Littérature où, de Platon le chasseur de poètes à (...)
Podcast par Sébastien Broquet le Mardi 9 juin 2020 | Camille de Toledo, écrivain et chercheur, repense sa résidence croisée initiée à Lyon en un rendez-vous de conversations à distance, chaque mardi. Toujours (...)
Activisme Climatique par Nadja Pobel le Mardi 28 mai 2019 | À 22 ans, Maële Giard lutte pour la justice climatique. Étudiante en études urbaines, militante d'associations écolos et Gilets jaunes, (...)
European Lab par La rédaction le Lundi 30 avril 2018 | L'European Lab se déroulera à l'université Lyon 3 du 7 au 9 mai, avec en guise de fil rouge une certaine idée de l'utopie. Conférences, ateliers, (...)
European Lab par Sarah Fouassier le Lundi 30 avril 2018 | Antidote à la morosité ambiante et instigateur de progrès, Utopies réalistes de Rutger Bregman séduit de plus en plus de par son idée fondamentale : la mise en (...)
European Lab par Lisa Dumoulin le Mardi 30 mai 2017 | Secrétaire d’État à la modernisation administrative et ancienne adjointe au maire de Lisbonne, Graça Fonseca a fait de Lisbonne puis du Portugal la première (...)
European Lab par Maxence Grugier le Mardi 10 mai 2016 | Sarah Harrison, émissaire de WikiLeaks, l’organisation internationale qui se bat pour une diffusion transparente de l’information (à l’origine des (...)
MUSIQUES par Benjamin Mialot le Mardi 12 janvier 2016 | Retard à l'allumage ou temporisation stratégique, on ne saurait dire, toujours est-il que la première conférence de presse de Nuits Sonores fut chiche en (...)
CONNAITRE par Nadja Pobel le Mardi 12 mai 2015 | Après 23 ans passés à "Libération", dont onze comme correspondant à Lyon, Olivier Bertrand, lance avec quelques anciens collègues "Les Jours" qu’il vient présenter (...)
CONNAITRE par Benjamin Mialot le Mardi 12 mai 2015 | Pas facile de discuter valeurs démocratiques et mutations urbaines entre deux marathons électro. C'est pourtant ce à quoi vous invite cette année (...)
CONNAITRE par Benjamin Mialot le Mardi 27 mai 2014 | Au départ simple frat party réflexive pour professionnels de la profession, le European Lab est devenu au fil des ans un véritable festival dans le (...)