BD : L'Art de la suggestion

Bande dessinée, l'art invisible

Musée de l'Imprimerie et de la communication graphique

ce spectacle n'est pas à l'affiche actuellement

BANDE DESSINEE / Le neuvième art s’invite au Musée de l’Imprimerie et de la Communication Graphique pour un décryptage en bonne et due forme de cet “art invisible” qu’est la bande dessinée. On chausse ses lunettes grossissantes avec Jean-Christophe Deveney, auteur, scénariste et commissaire de l’exposition.

Le fil rouge du parcours est l’œuvre de Scott McCloud : auteur passionné, il s’est notamment beaucoup investi pour la reconnaissance de la bande dessinée comme forme littéraire. Pensez-vous que la bande dessinée pâtisse encore d’une mauvaise image ?
Jean-Christophe Deveney : En effet, Scott McCloud s'est attaché à défendre la bande dessinée. Son essai L’Art invisible date de 1993, on a heureusement pu observer des évolutions en 25 ans. Elle reste encore associée pour certains à l’enfance et l’adolescence, mais devient de plus en plus un genre comme les autres. Car en réalité, la bande dessinée peut tout raconter, au même titre que le cinéma ou la littérature.

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L’Art invisible, c’est le titre de l’exposition et aussi de l’essai de Scott McCloud (Understanding Comics en version originale). À quoi cette expression fait-elle référence ?
Elle évoque le langage, le mode de narration spécifique à la bande dessinée : un jeu et un équilibre entre ce qu’on voit et ce qu’on ne voit pas. On n’impose pas un rythme avec un montage comme au cinéma par exemple. Chaque case est séparée d’une autre par une ellipse, on oblige le spectateur à construire, imaginer ce qui se passe. On est beaucoup plus dans la suggestion.

Pour illustrer cette liberté et cette inventivité, vous exposez plusieurs planches au parti pris narratif et graphique fort : Imbattable de Pascal Jousselin, où le super-héros navigue entre les cases de façon anarchique, bouleversant ainsi le schéma de lecture traditionnel. Diagnostics de Diego Agrimbau et Lucas Varela où les troubles mentaux et sensoriels des personnages sont transposés avec génie en dessin, comme cette étudiante en lettres aphasique qui ne comprend le discours d’autrui que lorsqu’il est affiché sur un support. Ou encore Le Piano oriental de Zeina Abirached qui tricote langue, musique et dessin en noir, blanc et or. Pourquoi ces choix ?
Tout d’abord, parce qu’ils m’ont beaucoup plu et marqué en tant que lecteur. Et nous voulions privilégier des œuvres et auteurs contemporains, et des exemples assez extrêmes : un personnage qui se balade à sa guise dans les cases, une histoire qui mélange complètement images, textes, sons, souvenirs, discours intérieur et extérieur... Ce sont des œuvres poussées qui vont au bout de ce qu’explique Scott McCloud. Nous aurions aussi pu présenter Arq d’Andreas, une BD fantastique au découpage et à la narration très intéressants. Ou encore Soda de Philippe Tome, un polar franco-belge qui suit les enquêtes de David Solomon, flic à New York. On y observe un vrai travail sur l’utilisation de la case où l‘auteur cherche constamment à créer le meilleur plan possible.

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La forme est aussi conditionnée par le format : où en est la bande dessinée numérique aujourd’hui ?
La BD numérique est née grâce aux blogs : les auteurs ont commencé à publier des dessins, des cases, des planches… Comme celui de Boulet par exemple, qui marche encore très bien. Mais il n’y a pas de modèle économique, à côté de ça c’est l’édition classique qui continue de faire vivre la bande dessinée. Ce qui n’empêche pas des auteurs comme Marc-Antoine Mathieu avec 3 secondes ou Marietta Ren avec Phallaina, que nous présentons dans l’exposition, d’expérimenter et de s’amuser avec le format.

Bande dessinée, l’art invisible
Au Musée de l’Imprimerie et de la Communication Graphique jusqu’au 20 septembre


Lyon BD festival
À Lyon les 10 et 11 juin, avec Scott Mc Cloud

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