Mardi 27 novembre 2018 La revue Initiales retrace les aventures de Semiotext(e) et de l’éditeur-passeur Sylvère Lotringer. Où la french theory croise la scène punk new-yorkaise à grands coups d'écrits, de riffs de guitares et de rats décapités.
Littérature / Après Marguerite Duras, John Baldessari ou Pier Paolo Pasolini, la revue Initiales explore (en images, textes et archives) la figure de Pierre Klossowski. Un neuvième numéro passionnant.
« Comment ne pas s'étonner qu'il ait pu y avoir jamais, en quelque auteur, par je ne sais quelle coïncidence privilégiée, tant d'innocence et tant de perversité, tant de sévérité et tant d'inconvenance, une imagination si ingénue et un esprit si savant, pour donner lieu à ce mélange d'austérité érotique et de débauche théologique ? » écrivait Maurice Blanchot à propos de Pierre Klossowski (1905-2001).
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Frère du peintre Balthus, Pierre Klossowski a écrit des essais, des récits (Les Lois de l'hospitalité, Le Bain de Diane, Le Baphomet...), a traduit L'Énéide de Virgile (traduction rééditée récemment par la maison d'édition lyonnaise Trente-trois morceaux), a composé de grands dessins au trait volontairement maladroit et aux contenus érotiques. Comme le résume brillamment Emmanuel Tibloux (directeur d'Initiales et de l'École Nationale des Beaux-Arts de Lyon), Klossowski fut une figure triplement « inconvenante » : sur le plan moral (avec l'érotisme et la pornographie), sur le plan stylistique (en usant de maladresse), sur le plan thématique (comme le rappelle la citation de Blanchot ci-dessus).
Inconvenances
Une triple inconvenance et une œuvre puissante qui donne lieu, dans ce numéro d'Initiales, à des relectures artistiques (peintures de Jean-Luc Blanc, photographies d'Edouard Levé...), de courts essais, des entretiens et quelques textes inédits de Klossowski... Un numéro riche, hétérogène, qui tire à hue et à dia l’œuvre de Klossowski, entre hommage et critique. Et ce n'est que justice tant Klossowski lui-même explorait la discordance, l'hybridation, le disjoint.
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Comme le rappelle encore Emmanuel Tibloux, l'œuvre de Klossowski nous concerne toujours aujourd'hui par plusieurs de ses dimensions : « la crise d'identité qu'elle met en scène, en multipliant les processus d'enchâssement, de duplication et de projection », les relations qu'elle instaure « entre la vue et le langage », et l'intuition (déployée notamment dans le petit essai La Monnaie vivante) de la domination de nos désirs et de nos affects par l'économie et de nouvelles formes de capitalisme.
Revue Initiales n°9, Pierre Klossowski (éd. École Nationale des Beaux-Arts de Lyon)
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