Décroissance : de la simplicité volontaire

Pierre Thiesset, Michel Granger, Guillaume Gamblin et Anatole Lucet

Le Bal des Ardents

ce spectacle n'est pas à l'affiche actuellement

Décroissance / Cinquante penseurs d’horizons et d’époques très différents se penchent sur l’un de nos problèmes contemporains majeurs : la question de la croissance économique. Un ouvrage aussi intéressant que richement illustré.

« Tous les gars sincères et pas trop bêtes qui se penchent sur le problème de la pollution arrivent logiquement à la même conclusion quels que soient les horizons d’où ils viennent. C’est notre société industrielle et nataliste qui est polluante et il n’y a pas d’autre alternative que de la détruire ou de crever. (...) Seulement voilà, le temps ne travaille pas pour nous et nous avons toutes les chances, si on peut appeler ça des chances, d’être atomisés, asphyxiés ou dissous dans l’eau de source avant même que le cinquième des connards qui consomment pour consommer aient compris de quoi il retourne. » écrit en 1975 Pierre Fournier, dessinateur et journaliste à Hara Kiri et Charlie Hebdo.

à lire aussi : "Trashed" : le plastique, c’est satanique

Plus sobrement, l’économiste et banquier dans le tiers-monde François Partant écrit en 1982 dans La Fin du développement :

« Ce n‘est pas seulement parce que la Terre est une planète aux dimensions finies qu’une croissance économique indéfinie est impossible. C’est aussi parce que l’homme est lui-même un être fini.

L’idée selon laquelle la croissance économique infinie est un objectif non seulement irréaliste mais aussi nuisible à l’humanité et la planète n’est pas l’apanage de quelques militants anti-capitalistes. Gandhi écrivait déjà en 1928 :

à lire aussi : La Fin de la pauvreté ?

« Je déteste de tout mon cœur ce désir fou de détruire la distance et le temps, d’augmenter les appétits animaux et d’aller jusqu’aux limites de la planète pour la recherche de la satisfaction. »

Une galerie d'idées

Dès les débuts de l’industrialisation, des voix se sont élevées pour mettre en garde contre la machine folle qui venait de s’élancer. En 1886 (!) William Morris écrit ainsi :

« La civilisation gaspille donc ses propres ressources et continuera à le faire aussi longtemps que durera le système actuel. »

Designer et auteur britannique, il est l’un des initiateurs du mouvement Arts & Crafts qui prône le rassemblement des artistes et artisans pour des productions à la fois belles et utiles, en réaction à la production en série d’objets laids et de mauvaise qualité, mais aussi à la dégénérescence de l’art, devenu à ses yeux narcissique et autotélique.

Trente ans plus tôt, de l’autre côté de l’Atlantique, Henry David Thoreau écrit le fameux Walden ou la Vie dans les bois, où il introduit la notion quelque peu provocatrice de “pauvreté volontaire”. Ce n’est pas sans rappeler la “simplicité volontaire” qui décrit également le mouvement de la décroissance, trouvant un écho dans la “sobriété heureuse” de Pierre Rabhi.

à lire aussi : La revue Nouveau Document se lance

Cette galerie de portraits et d’idées à l’origine du mouvement de la décroissance, même si le terme est apparu récemment, réunit les opposants les plus divers et variés à l’industrialisme « qui ont toujours défendu des sociétés à échelle humaine, non prédatrices et ne reposant pas sur l’expansion des forces productives et sur l’accumulation du capital » expliquent les auteurs dans la préface.

Ils ont eu la bonne idée d’enrichir un dossier spécial paru dans le journal La décroissance en juillet 2014 intitulé “Géants d’hier, néant d’aujourd’hui” qui présentait les pensées de vingt-huit auteurs majeurs dont George Orwell, Simone Weil, Léon Tolstoï… pour accoucher de ce livre présentant de façon plus détaillée la vision de cinquante auteurs, accompagnées des portraits du dessinateur Stéphane Torossian.

Rencontre autour de l'ouvrage collectif Aux origines de la décroissance - cinquante penseurs
Jeudi 29 juin au Bal des Ardents

pour aller plus loin

vous serez sans doute intéressé par...

Mardi 18 juin 2019 C’est sa dernière tournée de ce genre. Depuis trente ans, Bartabas mène la compagnie Zingaro d’Aubervilliers vers différents continents avec chapiteau, écuries et une quarantaine d’animaux. Cet été, il s’arrête six semaines à Lyon où il a présenté...
Mardi 5 février 2019 Dans cette fascinante et remuante ville qu'est Istanbul, Valérie Manteau déambule. Membre de la rédaction de Charlie Hebdo de 2008 à 2013, elle part s'y (...)
Mardi 23 juin 2015 Bartabas ne rigole plus. Conçu en début d’année dans une France secouée par les attentats, "On achève bien les anges" est un spectacle dont la mélancolie n'a d'égale que la rigueur et la virtuosité. Retour sur la création, aux Nuits de Fourvière, de...
Mardi 3 mars 2015 «Qu'est-ce qu'on a en commun ?» se demande cette année la Fête du Livre de Bron à travers son lot habituel de rencontres et de débats. A l'origine de ce thème, il y a l’œuvre non pas d'un romancier mais d'un philosophe et d'un sociologue, Pierre...
Mardi 20 janvier 2015 Pour sa dernière création, "En roue libre", Claudia Stavisky a réuni un casting assez exceptionnel dont émerge Julie-Anne Roth, qui tient de bout en bout son rôle de femme insoumise, assumant ses désirs même en pleine maternité. Rencontre avec une...
Vendredi 9 janvier 2015 Thierry Frémeaux vient de l'annoncer en marge des rencontres Sport, cinéma et littérature : l'Institut Lumière projetera jeudi 15 janvier à 21h le documentaire (...)
Jeudi 9 février 2012 Tout grand film américain est un grand film sur l’Amérique, dit-on. Bernard Bénoliel (ancien des Cahiers du cinéma et aujourd’hui pilier de la Cinémathèque (...)

Suivez la guide !

Clubbing, expos, cinéma, humour, théâtre, danse, littérature, fripes, famille… abonne toi pour recevoir une fois par semaine les conseils sorties de la rédac’ !

En poursuivant votre navigation, vous acceptez le dépôt de cookies destinés au fonctionnement du site internet. Plus d'informations sur notre politique de confidentialité. X