Tanx, du coin de l'oeil

En quatrième de couv', l'éditeur (6 Pieds sous Terre) évoque un « laboratoire » : c'est peu dire que l'impression, quand le nez se relève des pages de cet ouvrage, conforte cette idée. C'est bien dans un labo en pleine effervescence, en plein doute aussi, que l'on plonge en se saisissant de Des Croûtes aux coins des yeux, dernier bébé de Tanx (qui a perdu des X en route, il y en avait trois fût un temps). Des strips, des croquis et même, oui, du récit en prose, de la chronique. Parfois, du journal intime, ou plutôt une instrospection sans filtre sur l'environnement, l'entourage de l'auteur.

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Tanx puise toute son inspiration graphique dans les comics et la scène underground des 70's et 80's américaines (Daniel Clowes, Crumb, ce genre-là) et les fait mariner dans la culture graphique punk et DIY, à la façon des affiches qui recouvrent les murs de notre ville de Lyon (Tanx en conçoit aussi, des affiches, mais aussi des fanzines, des gravures... elle est prolifique). Dans tout ça, déboule de plein fouet l'autofiction, souvent sarcastique, sans autocomplaisance, même si elle sombre parfois trop dans le morbide - après tout, l'un de ses précédents ouvrages que l'on conseillera aussi se nommait Faire danser les morts (éditions Même Pas Mal en 2012) et là encore, ça causait avec érudition de rock et de punk (les Minutemen), de zombies et de bières. De clopes, aussi.

Surtout, la Bordelaise, du mixte de cette noirceur et de cet humour tire des salves où la condition de l'artiste, l'engagement et certaines causes de notre époque comme le féminisme sont auscultées au scalpel (hey, devenir zombie et bouffer de l'humain, c'est un peu le comble pour un punk vegan, non ?). Une forte voix de l'underground actuel qu'il convient d'aller saluer au Bal des Ardents, où elle sera (bien) accompagnée de son indispensable éditeur, Miguel Clemente, et de Fabcaro, l'auteur de Zaï zaï zaï zaï.

Tanx + Fabcaro
Au Bal des Ardents le mercredi 4 octobre à 19h