Souffle de liberté

Aurait-il fallu ?
Concevoir un texte joignant tous les points de résonance, comme s’ils suivaient seuls le fil d’une unique pensée, le fil de ces pensées furtives qui m’ont submergée d’émotions, pour que chaque spectateur de l’exposition entre et trouve une place au milieu de ce bouillon de sentiments, de questions, de douleurs teintées de déraison  ... qui se sont réveillés à la découverte du Jazz, du Jazz manouche, une musique, un rythme différent du mien qui m’a fait vibrer, divaguer le temps d’un instant puis d’un année au cœur d’une réalité, farouche.

Aurait-il fallu ?
Raconter son histoire, mon histoire,  définir ses origines, son fondement, les courants de pensée qu’il a influencés en rapportant les légendes, sans éluder les phénomènes, les musiciens mythiques dont la fluidité de langage, la personnalité ont traversé les continents, dérivé jusqu’au fond des caves, les clubs, les guinguettes, les rues de Chicago en passant par Venise, de Bruxelles à Paris… . Le Jazz Manouche. Un style, un mélange de rythmes. Valses, boléro, bossa nova, rumba, tango, qui s’étirent, se raccourcissent, s’entrecroisent, s’enrichissent d’arabesques, de sonorités à consonance ethnique, traditionnelle et populaire ...  Une musique acoustique qui réagit. Festive, improvisée. Elle oscille avec toutes les émotions, les souvenirs : l’admiration, l’amour, la haine, le désir, la joie, la tristesse.

Aurait-il fallu ?
Peindre et reprendre les images véhiculées sur la culture tsigane et par la peinture tsigane : la femme, la danse, le folklore, les paysages, le monde du voyage, le combat, … ; cristalliser une musique et une culture indéfinissable, déroutante ; tenter de ressembler, de s’immiscer, de transposer, d’intégrer par capillarité un paysage pictural commun et reconnaissable. J’ai tenté d’apporter une peinture nouvelle entre abstrait et art urbain oubliant les scènes de vie, de rage ou de conflit, s’attachant simplement à une peinture expressive, musicale et libre.

Fredonner la liberté.

La liberté de s’émouvoir, la liberté d’échanger, de donner, de concevoir, d’imaginer de nouveaux effets, de nouveaux liens, de nouveaux traits, de nouvelles couleurs. Du violet au bleu d’outremer, du jaune de Mars au rouge de Venise. Ombre brûlée. L’or. Incorporer des paillettes, le simple reflet de l’illusion qui m’entraîne.

L’exposition laisse un espace au silence, à la révélation lente comme un contrepoint, afin de ne pas travestir les instants inoubliables qui ont ouvert mon cœur, changé mes mots, ma peinture ; une vision nouvelle, plus apaisée, libérée, brisant la colère et la violence qui l’ont longtemps aidé à déculpabiliser face à la difficulté de se définir, au besoin d’être compris, de partager, de donner, de transmettre. Suivant un chemin unique, approcher une peinture qui unit les générations et les genres ; une peinture figurative et colorée.

Les écrits sont nés d’inspirations vagabondes et nostalgiques, entre poésie et figuré, à l’issu du Lyon Gypsy Festival 2011 ; un langage que j’apprécie et dont je joue par défi, instinctivement par défi, pour comprendre.

Les ressentis. Les impressions imprégnées de ma propre  histoire. L’histoire de ces hommes et de ces femmes. Des hommes et des femmes. Un travail à la rencontre des musiciens, Tony Green en particulier, _ Jazzman Manouche et peintre,  Django Reinhardt, le catalyseur sinon le créateur du Jazz Manouche. Django ou «je m’éveille» en gitan. Guitariste, paralysé de deux doigts, contraint et conduit à réinventer une manière de sonner juste et léger, et ainsi poursuivre sa passion. Jouer.

La liberté. Un si grand mot !

Une utopie. Une pensée... un idéel aussi naturel sinon plus qu’une lueur dans le firmament d’un désespoir, qu’une main posée sur une épaule, qu’une musique qui court le monde sur laquelle les images, les paroles s’impriment comme une évidence, le prolongement d’une vibration, d’un élan.

Alors aurait-il fallu ?
Un texte relatant toutes les rencontres, les doutes et les espoirs. Les dits et les non-dits ? J’ai tenté de composer une partition. Une partition tissée d’expressions, d’impressions, comme une musique intemporelle que les musiciens, les peintres et les poètes manouches et ceux rencontrés lors de ce parcours, ont murmuré au creux de mon oreille, éveillant et aiguisant, mon envie, ma curiosité en suivant la régularité des battements, une béatitude qui dessille les yeux sur ce désir, tu.

Appartenir à un monde d’enracinés où le paradoxe frise la folie ; une atmosphère aussi sombre que les tumultes d’un mystère, celui de l’existence, à ne point nommer.

Aurélie Gravallon Combier
Le site : www.philironie.com

Présentation Exposition 2012, du 18 au 28 mai à la mairie du 4ème arrondissement

Extrait de Fragiles Instants 

 «Entreprendre d’écrire suppose de s’exposer à la fatigue d’être. Passer pour un comploteur sans cause ni munition. Le réel à portée de voix, le poète enlève tout espoir à ceux qui ne se sentent pas abandonnés. Il est de tous les ouvriers celui qui rajoute le plus généreusement une pelletée de terre au tumulus. Ecrire !

Qu’il faut de persévérance pour que la riveraine, un jour pareil à un autre, apparaisse et s’établisse.»

Marc Rousselet

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