Écrans Mixtes célèbre Werner Schroeter

Lundi 9 mars, le festival Écrans Mixtes organise au Goethe Institut une conférence sur Werner Schroeter, suivie de la projection de l'un de ses films. Mais qui est ce cinéaste allemand mort en 2010 et assez largement méconnu en France ?

On n’a plus l’habitude du cinéma hanté de Werner Schroeter, de ce cinéma où la narration est secondaire par rapport à la représentation, de ce cinéma du décorum et de la cérémonie qui ne s’embarrasse pas de psychologie ou de rebondissements permanents. Aller y voir, comme le propose Écrans Mixtes, c’est donc faire un saut dans l’inconnu, dans une façon de se laisser bousculer par une autre manière de raconter des histoires ou de faire jaillir des émotions.

Pour tenter de décrire ce que le cinéaste allemand, mort en 2010 d’un cancer, a porté à l’écran, il faudrait peut-être s’essayer à jouer avec une série de mots pour les voir ensuite s’associer, se compléter, se révéler. Cela donnerait quelque chose comme : opéra, passion, combustion, Italie, divas, baroque… Et, en conséquence, opéras + divas = la Callas (son idole d’enfance) = La Mort de Maria Malibran (le portrait d’une chanteuse du XIXe siècle) ; passion + combustion = amour à mort = Le Roi des roses ; baroque + Italie = décor et trompe-l’œil = Naples (le cadre de plusieurs de ses films)…

On pourrait continuer ainsi à jouer avec d’autres mots tels que femmes, homosexualité, décadence, mort, réel, musique, etc. Au fil des croisements, on trouverait comme réponses Isabelle Huppert, le suicide, Ingrid Caven, la peinture allemande, l’image des corps…

On voit bien ce qu’il y a de hors-norme dans le cinéma de Werner Schroeter, dans cette façon impressionniste de marier une recherche quasi-expérimentale et une omniprésence de la grande culture classique, dans ce goût affolant pour les femmes bigger than life (les stars, les divas, les égéries en tout genre…) que rehausse une homosexualité fantasmée comme une passion supérieure, dans cette fascination pour ce qui va vers sa fin, répondant à une célébration flamboyante d’un monde rêvé, reconstitué.

A-t-on bien compris de quoi il s’agit ? D’une œuvre majeure et folle, sans pareille, venue d’ailleurs, déjà unique en son temps et encore plus en décalage aujourd’hui. C’est sa force d’avoir su conserver cette singularité, cette fascinante capacité à ne ressembler qu’à elle-même. Werner Schroeter fut tout sauf un copieur ou un copiste : il fut au contraire un inventeur d’instinct ne s’embarrassant d’aucun code, allant rechercher dans le cinéma primitif des audaces oubliées de tous ses pairs. Il suffit pour s’en convaincre de voir le maniérisme du jeu des actrices de La Mort de Maria Malibran(1972), qui renoue avec l’ampleur graphique et poétique des poses des actrices du cinéma muet.

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