Après une visite très intéressante, menée par Pierre-Henri Alquier, sur le fonctionnement de cette grosse machine, nous montons juste en dessous du ciel, dans la salle de répétition. Elle est vaste, revêtue d’un beau parquet. Très éclairée, nous avons une vue merveilleuse sur la ville... Nicole Fleuret
Nous sommes 14, répartis entre photographes et dessinateurs. Après s’être déchaussé, nous pénétrons.
Chut, est la consigne de base.
Installés dans un coin pour ne pas gêner les danseurs et danseuses, nous observons.
Étirements, échauffements, rires. La musique envahie la pièce, ce sont des rythmes envoutants, lancinants, répétitifs, qui inspirent la ronde.
La répétition du ballet Drumming Live d’Anne Teresa De Keermaeker commence.
Organiques, géométriques, architecturaux, les déplacements, que l’on peut imaginer anarchiques, sont bien au contraire extrêmement rigoureux.
Les pas, les phrases dansées, sont lus comme des signes, interprétés comme des phonétiques. Le support n’est pas autre chose qu’un ordinateur codifié. Rien ne sera laissé à une interprétation du danseur, la chorégraphe exige de tous le respect absolu de ton œuvre.
De grandes diagonales, soit en marchant, soit en courant.
Parfois, on peut imaginer qu’ils se heurtent, par manque de concentration. C’est tout le contraire, arrivés face à face, un pas de côté et ils poursuivent leur chemin.
Les hommes comme les femmes font des portés élégants.
Ce que j’appellerai le maître de ballet, montre avec son assistante, les gestes justes. Ils seront répétés à l’infini, jusqu’à la perfection.
La danse est une discipline raffinée, mais aussi une des plus dures, avec de nombreux dommages pour le corps. Nous entendons un bruit qui vient de la scène, un danseur s’écroule, les pompiers arrivent. Diagnostic : privé de danse 7 mois, rupture de tendon.
En tant que spectateur, je ne profite que de la réalisation magique de tout ce travail.
Besoin de décompresser, de se détendre, chacun à sa manière s’étire pour reprendre la répète dans de bonnes conditions.
J’ai la chance de voir, de lire sur les visages, la joie que procure la danse à tous. Au-delà de tout.
