Nous déambulons dans les dédales de l’Opéra. L’aquarium des chœurs, l’amphithéâtre club, les décors, la grande salle. C’est un tourbillon de surprises. Nous voici au 3° étage, dans la salle du foyer, les yeux tournés vers le plafond, nous découvrons l’allégorie de la musique. Des corps voluptueux et plein d’allégresse qui invitent à la danse.... Sylvie Frigère
Quelques étages plus haut, 11° étage, nous voici maintenant au septième ciel. Somptueuse salle où répètent les danseurs du ballet de l’opéra. La verrière offre une lumière et une vue magnifiques. Mais chut, j’entends les violons de Bizet prendre possession de l’espace. Les chaussons crissent, les danseurs sont prêts. Début de répétition : L’Arlésienne.
Aux violons et violoncelles s’ajoutent les trombones, les trompettes. Puissance de la musique qui a pris place dans l’âme des danseurs. Ils virevoltent, ils tournent, les corps s’enlacent. C’est beau, gracieux. Pour nous, c’est une farandole d’émotions.
La musique est soudain douce. Le timbre est charmeur, plein de rondeur, de chaleur. Ce sont les flûtes piccolo et traversières, les hautbois et clarinettes qui donnent maintenant aux danseurs la fluidité et la légèreté dans les portés, les cabrioles.
Mais les corps sollicités par tant de ferveur et de dévotion se fatiguent. Demi-pointes bien à plat sur le sol aux reflets bleutés, les pieds meurtris tentent de capter l’énergie nécessaire à la reprise.
Car contrairement à L’Arlésienne, la chorégraphe est bien là. Elle veille et surveille. Face à elle, un couple de danseurs essoufflé et ému par les derniers pas de chat, pas chassés et autres arabesques, se concentre déjà pour la suite de la répétition.
Il faut s’étirer à la barre, chauffer les muscles endoloris. Mais déjà les corps se courbent, se ploient avec grâce et détermination.
Les danseurs ont repris possession de la salle. Echappés sautés, regards, concentration, pureté du mouvement, tout y est. Nous sommes conquis, subjugués. Une répétition qui laissera en chacun de nous une admiration pour tous ces danseurs. 
Ils ne lâchent rien. En perpétuelle recherche de la perfection, ils s’entraînent encore et toujours.
