Le retour au désert : Chronique d'un succès mérité

La pièce de Bernard-Marie Koltès qui ouvrait la saison 2015/2016 de La Comédie, mise en scène par son directeur Arnaud Meunier, a reçu un accueil très enthousiaste et justifié de la part du public.

Ça n'était pas là le moindre des challenges à relever. Mettre en scène sa pièce culte avec laquelle il a tissé des liens affectifs très particuliers en ouverture de la saison culturelle de "son" théâtre, relevait du défi voire même du pari osé. Mais rien ne semble devoir effrayer Arnaud Meunier, à la fois jeune directeur et metteur en scène de talent et plein d'enthousiasme, qui s'est lancé dans l'aventure après mûre réflexion en acceptant ainsi de se mettre en jeu à titre personnel, habité qu'il était depuis des années par l'envie irrépressible de monter cette œuvre de l'un des maîtres du théâtre contemporain.

C'est au printemps 2014 que démarre véritablement le projet. Arnaud Meunier, conscient du rapport trouble qu'entretient l'Algérie avec notre pays fait de blessures bien souvent encore à vifs, et de la montée des extrémismes matérialisée par le développement du vote FN, voit la neçessité de monter Le Retour au Désert et toute l'ampleur de sa contemporanéité, à travers le retour en métropole l'"expat'" Mathilde dans la maison familiale à la bourgeoisie vieillissante et conservatrice de son village natal, qu'incarne mieux que quiconque son frère Adrien. Commence alors un chantier colossal, qui s'articulera autour du choix de 13 comédiens au total dont nombres d'entre eux sont issus de la pépinière "Maison", l'Ensemble artistique de La Comédie, et portés par un duo central de 2 "Monstres Sacrés" du spectacle vivant : Catherine Hiegel sera Mathide, tandis que Didier Bezace incarnera Adrien. A eux deux, ils représentent un nombre incalculable de récompenses, de rôles remarquables et d'éloges, tant au théâtre qu'au cinéma d'ailleurs (Téchiné, Blier, Chatilliez, Balasko, ou encore Tavernier...)

16 mois plus tard, le 1er Octobre 2016, l'aventure s'achève enfin avec la première représentation de la pièce dans la grande salle Jean Dasté de La Comédie de Saint-Etienne, "SA" Comédie, avant un départ en tournée dans toute la France. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que le résultat est enthousiasmant. Brillant même.

Le décor est imaginatif et innovant, avec l'utilisation judicieuse des espaces verts et goudronnés entourant la bâtisse centrale, objet de toutes les convoitise et vitrée, ce qui permet de donner relief et profondeur au jeu des comédiens. La mise en scène est à la fois pointue et soignée. Arnaud Meunier n'ayant laissé de côté aucun détail, multipliant les essais, y compris même concernant l'accessoirisation de ses personnages. On notera par exemple qu'Aziz, l'employé de maison remarquablement interprété par Kheireddine Lardjam, portait une casquette et un sac en bandoulière lors du filage, pour finalement apparaître sur scène lors de la scène d'introduction découvert, et sans sac... La vidéo est judicieusement utilisée, notamment pour le traduction des paroles en arabe d'Aziz, souvent religieuses et qui jalonnent la pièce, ou encore lors de l'apparition du fantôme de la défunte femme d'Adrien, Marie. l'interprétation est quant à elle remarquable, l'ensemble des acteurs tournant deux heures durant tel une montre Suisse, autour de nos deux héros aux personnalités hors du commun. La performance est de taille.

En conclusion, Bravo monsieur Meunier, respect, et merci pour ce grand moment d'émotion, de sarcasme, de rire et de bonheur. Et, dites-nous, à quand votre prochaine création ?

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