Notre petite soeur, Hirokazu Kore-eda

Le film de Hirokazu Kore-eda, Notre petite sœur, sorti le 28 octobre 2015, nous montre tout l'enjeu et la puissance des liens familiaux, quand tout porte à croire qu'ils n'existent pas, ou ne peuvent pas exister.

Par anticipation d'un ennui provoqué par les diatribes d'un érudit en mal d'amour. Et peut-être aussi par hasard, encore une fois, je suis allée au cinéma.

Le film de Hirokazu Kore-eda, Notre petite sœur, sorti le 28 octobre 2015, nous montre tout l'enjeu et la puissance des liens familiaux, quand tout porte à croire qu'ils n'existent pas, ou ne peuvent pas exister.

Trois sœurs, Sachi, Yoshino et Chika apprennent le décès de leur père parti une quinzaine d'années plus tôt en les abandonnant. Vivant toutes les trois ensemble dans une grande demeure familiale, elles participent à l'enterrement de leur père, et font la rencontre de Suzu, leur demi-sœur née de l'union extraconjugale entre le père des jeunes filles et sa maîtresse de l'époque. Désormais orpheline à 14 ans, cette dernière vit avec la troisième et dernière épouse de son père dans une campagne reculée où seul un vieux train bruyant la relie encore à Kamakura et à la vie. A la suite de l'invitation des trois jeunes femmes, Suzu part vivre à Kamakura dans la grande et vieille maison présentée comme un "dortoir de jeunes filles" dont la surveillante en chef, pour ne pas dire la mère de substitution, est l'ainée, Sachi.

Hirokazu Kore-eda nous donne à voir l'étendue des liens de sang et d'affection qui existent entre les êtres. Plus que de nous les donner à voir, il nous fait ressentir cet amour que des personnes peuvent créer lorsqu'ils sentent qu'ils ont quelque chose en commun. Que ce soit le sentiment d'appartenance à une famille, l'amour que l'on peut éprouver pour autrui ou la compassion; chaque lien semble être traité par le réalisateur avec la même intensité: celle du regard d'un homme qui ressent plus qu'il ne voit. Notre petite soeur, n'est pas seulement un film sur les liens familiaux; plus que cela, c'est encore ici une initiation au voyage. Je veux dire, c'est une initiation à la confiance, à la part de soi que l'on donne à l'autre quand on accepte de faire partie de la vie d'autrui. Quand on accepte de livrer une partie de soi dans le but de construire quelque chose avec autrui. Suzu, la jeune orpheline rencontre pour la première fois un foyer aimant et solide, même si les trois soeurs sont radicalement différentes les unes des autres - peut-être un peu trop schématiquement parfois - mais elle ne parvient à intégrer parfaitement le groupe que lorsqu'elle-même accepte de confier une partie d'elle à la fratrie. Il en va de même pour tous les autres personnages du film, tous, sans exception, font don d'une partie de leur être à une autre personne.

Le plus beau dans ce film, c'est sans doute la pureté du traitement de l'image, qui rend l'observation des sentiments encore plus fort. Amenés à ouvrir grand les yeux sur la nature environnante, la nourriture, et la beauté des cerisiers en fleurs, nous ne pouvons pas faire mieux que de confier nous aussi une part de notre élan vital et de prendre conscience des liens qui nous entoure. Ces liens ne sont pas nécessairement des attaches contraignantes, pourvu que nous puissions comprendre la vraie valeur de ce film: savoir toujours regarder l'éternelle beauté des cerisiers en fleurs et admirer leur reflet dans les personnes que nous aimons.

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