Musée des Confluences à Lyon

A la découverte de ce nouveau lieu incontournable

Figure de proue de cette nouvelle presqu’île dédiée au commerce et à l’art, le Musée des Confluences, inauguré il y a un an, se remarque bien sûr à cause de son architecture, mais s’était déjà signalé par ses retards de construction et son budget qui a quadruplé entre 2000 et 2014. Cela faisait donc plusieurs raisons d’aller se faire sa propre idée sur ce nouveau lieu ayant déjà engendré quelques polémiques.

Pas question en ce qui me concerne de rentrer dans un débat sur ses qualités architecturales, car je n’en ai pas les compétences. A titre personnel, je le trouve simplement magnifique, à la fois massif et élégant, sans doute magnifié hier par cette journée de fin décembre au grand ciel bleu, où la lumière d’hiver est plus douce et plus inclinée que le soleil d’été : la carapace de cette créature métallique juchée sur ces multiples échasses ne vous aveugle pas mais éclaire le paysage de son inox parfois mat parfois brillant suivant l’orientation de ses facettes.

Le jardin, bordé de la Saône et du Rhône et qui plonge en pente douce dans les eaux confluentes, est sobrement aménagé et était hier un endroit bien agréable pour un pique-nique dos à la douce chaleur du soleil.

Le hall d’accueil est tout aussi remarquable avec sa verrière, le Cristal, son Puits de Gravité qui soutient l’édifice et les passerelles qui serpentent autour.

Les collections permanentes

Le Musée des Confluences est un musée de l’homme qui va de l’origine de l’univers au questionnement sur l’au-delà et qui a hérité des collections, accumulées depuis le XVIIème siècle, du Musée Guimet de Lyon, fermé en 2007 et bientôt reconverti en centre de création de la Maison de la Danse. Il est divisé en 4 thèmes : les Origines, qui retracent la naissance de l’Univers et des sociétés humaines ; les Espèces, succès assuré auprès des enfants, avec sa multitude d’animaux existants ou disparus, en particulier ses squelettes de dinosaure, de mammouth et de cerf préhistorique ; les Sociétés, qui illustrent l’émergence des différentes sociétés humaines, leur manière de s’organiser et leur besoin de création ; les Éternités, qui abordent l’approche de la mort et de l’au-delà vue de différentes civilisations.

Je ne doute pas du caractère pédagogique, humaniste et scientifique de telles collections. Elles sont certainement un outil précieux pour les enseignants, qui y emmènent leurs classes afin de leur faire découvrir les mystères de la nature, la diversité et la richesse des civilisations, la variété et l’évolution des espèces animales, et pour les chercheurs qui peuvent puiser dans plus de deux millions d’objets pour alimenter leurs études. Mais, sauf si l’on s’intéresse à un sujet particulier, je trouve ces parcours assez peu motivants et il est dommage qu’à l’occasion de l’ouverture de ce musée si spectaculaire et original dans son architecture, il n’y ait pas une approche plus innovante et plus captivante de l’histoire de l’Humanité. D’autant que notre époque mériterait une mise en perspective sur le long terme de notre évolution et des enjeux cruciaux aux quels l’espèce humaine fait face.

L’art et la Machine

Le Musée des Confluences propose trois expositions temporaires. Deux d’entre elles, « La Chambre des Merveilles » et « Signes de richesse, inégalités au néolithique », sont des excroissances des collections permanentes. La première est un cabinet de curiosités issu des collections du musée. La seconde montre les outils et les bijoux retrouvés dans les tombes et qui permettaient de distinguer l’appartenance sociale des défunts.

La troisième, beaucoup plus vaste et intéressante, évoque l’influence de la « Machine » sur l’art. Le constat du début du parcours est que certains objets industriels peuvent être considérés comme des œuvres d’art. Au salon de la locomotion aérienne en 1912, Marcel Duchamp s’exclame «C’est fini, la peinture. Qui ferait mieux que cette hélice?» lorsqu’il voit cet objet de 4 mètres de haut, lisse, métallique, aux formes pures et élancées. Il commencera dès l’année suivante ses créations à base d’objets de la vie quotidienne, la première, une roue de bicyclette posée sur un tabouret, étant présentée dans cette exposition. On sait l’influence qu’il a eu sur de nombreux artistes de la seconde moitié du 20ème siécle.

L’avènement de l’ère industrielle a également inspiré de nombreux peintres de tout courant : parmi les plus connus, on rencontre un Monet et sa gare d’Argenteuil, Picabia qui a utilisé l’imagerie des machines pour représenter l’homme, la femme et certains de ses amis, Fernand Léger connu pour ses scènes représentant de manière cubiste les usines et les ouvriers. Un Delaunay également, extrêmement lumineux, rendant hommage à Blériot pour sa traversée de la Manche.

La dernière partie, Machines en rêve, contemporaine, montre des machines créées ou détournées cette fois par les artistes. En repensant au début de cette exposition où les artistes découvraient des objets de la nouvelle ère industrielle pouvant être considérés comme des œuvres d’art, il aura fallu presqu’un siècle pour qu’ils se les approprient et créent leur propres machines en tant que geste artistique pour dénoncer les travers de la société ou se projeter dans de nouveaux univers. Méta-maxi de Jean Tinguely, spécialement installée et mise en mouvement pour cette exposition. L’étonnante Tour Eiffel de Chris Burden, pivot d’un manège où tournent deux Titanic. L’empilement sophistiqué de cadres de vélo du chinois Ai Weiwei. Le vaisseau spatial foisonnant et coloré de l’artiste congolais Rigoberto Nimi. La Giulietta accidentée de Bertrand Lavier, dont il y avait eu une magnifique rétrospective à Beaubourg il y a 3 ans. Et bien sûr une compression de César, qui, coïncidence ou volonté, est aussi une Giulietta !

Un musée qui doit s’installer et s’épanouir

Le Musée des Confluences a un an. Il vaut le détour ne serait-ce que par son architecture et son environnement. Evidemment, on espère plus à terme de cette nouvelle institution qui est assez paradoxale : un espace d’exposition que j’ai finalement trouvé relativement faible par rapport à l’ampleur du volume extérieur ; des collections qui nous parlent du passé dans cet écrin futuriste que l’on imaginerait plus tourné vers l’art contemporain et les sciences et techniques du siècle à venir.

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