Par Oya Baydar (Turquie). Née à Istanbul en 1940, elle a publié son premier roman à dix-sept ans, avant de s’engager dans une carrière politique. Arrêtée, emprisonnée, elle s’est exilée plus de dix ans avant de regagner la Turquie et de renouer avec la scène littéraire. Et ne reste que des cendres, fresque romanesque déployée sur plusieurs décennies, revient sur l’histoire politique de la Turquie depuis les années 1970, à travers le parcours politique et amoureux d’une jeune femme passionnée qui a connu la lutte, l’exil et le désenchantement.
Cri de joie
Cri de douleur
Cri de jouissance
Cri d’enthousiasme
Cri de détresse
Cri de souffrance
Cri d’engoisse
Cri à l’aide
Cri au secours
Cri à la liberté
Cri au Ciel
Cri à Dieu
Le premier cri du nouveau-né
Le dernier cri de l’être mourant
L’art et la littérature c’est le cri de l’homme qui aspire à l’éternité, le cri de l’homme en quête d’immortalité.
L’oevre littéraire est le cri de révolte ou de jouissance lancé à la terre et au ciel pour se faire entendre; un cri qui vient du passée lointain et qui s’envole vers l’avenir incertain.
Ecrire; c’est se débarasser du cri qui vous étouffe comme un poignard enfoncé à la poitrine. Ecrire, c’est faire entendre le cri silencieux des millions, condamnés à se taire: le cri des opprimés, le cri des peuples oppressés, le cri des victimes de guerre, le cri des enfants qui ont faim et froid, le cri des animaux blessés, des fôrets abattues; le cri de toute la terre…
Je n’arrive jamais à écrire sans entendre ce cri qui me gratte, qui me tourmente, qui ne me laisse pas tranquille jusqu’il se transforme en parole.
Un de mes romans: Parole Perdue commence par ces quelques mots: “ Je cherchais une parole, j’entendis un cri.” Et se termine par: “ Je suis parti au loin dans le sillage d’un cri. Je ne savais pas que c’était le cri de la douleur qui nait de la violence, je l’ai appris. J’ai suivi le cri et j’ai retrouvé la parole.”
“Principio erat verbum”, écrit le Livre. Et j’ose dire: “Principio erat clamatis (Au commencement il y avait le cri)”: Le cri de l’être vivant dans un univers inconnu, le cri de l’homme face à son destin tragique.