Oralité

Par Max Lobe (Cameroun). Né à Douala, Max Lobe arrive en Suisse à l’âge de 18 ans. Après un master en politique et administration publique, celui qui a été bercé par la littérature et les contes africains se consacre à la littérature, toujours avec une plume vive, drôle et rythmée. Si Confidences, ouvrage très personnel, est le récit d’un retour au pays, La Trinité Bantoue raconte le quotidien suisse d’un exilé de “Bantouland”. Avec humour et ironie, Max Lobe raconte les tribulations d’une jeune immigré, entre quête du bonheur et d’un emploi, sans jamais s’adonner aux poncifs larmoyants du genre.

J’ai constaté que l’une des choses qui intéressent le plus mes lecteurs est le caractère oral que revêt mon écriture. Pour beaucoup, il y a là une forme d’authenticité propre à ce qu’ils appellent « la » littérature africaine. Pour d’autres, cette oralité qui trahirait mes origines africaines n’est qu’une mauvaise maîtrise de la langue française.

Avec l’oralité, je suis à la recherche de l’authenticité, certes, mais de quelle authenticité s’agit-il ? Il ne s’agit absolument pas de m’assurer d’avoir une poétique ou une esthétique africaine. Encore faudrait-il savoir ce que c’est qu’une poétique africaine en littérature ou dans l’art de manière générale. En teintant mon écriture d’oralité, je suis plutôt à la recherche d’une authenticité des personnages. J’essaye simplement de restituer leur langage, leur gestuelle, leur accent, leur langue, bref leur parlé. Ce travail sur le parlé me permet d’arriver à une oralité et à une forme écrite.

Ce qui me dérange le plus dans les commentaires des uns et des autres sur l’oralité que j’emploie dans mes romans, c’est cette volonté latente de hiérarchiser les littératures. On aurait d’abord les littératures occidentales, plus scolaires, supérieures, civilisées, empreintes de raison, et puis les littératures africaines inférieures, primitives et faites de passion. On retrouve malheureusement ces considérations dans le désormais lassant débat sur la littérature française contre les littératures francophones.

L’oralité dans mon travail n’a rien à voir avec une quête d’identité à cheval entre deux cultures. Elle n’est pas une quête d’africanité. Elle n’est même pas préméditée. Elle s’impose simplement par souci de vraisemblance et de respect de mes personnages.

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