Dénuement & variation : Electre

Jusqu'au 21 mai 2016 se joue Electre au TNP (Villeurbanne). Pièce de Jean-Pierre Siméon répondant aux règles du jeu de Christian Schiaretti, celle-ci a su surprendre ses spectateurs !

Une proposition surprenante

Dès notre arrivée, nous sommes relativement démunis face à la disposition de la scène. Sur tout l'espace de jeu se trouvent des bureaux et des chaises, bien alignés et présentés comme dans une salle de classe. Les spectateurs sont invités à s'y assoir pour assister le plus directement possible au spectacle.

La pièce commence ! Des individus arrivent par l'entrée de la salle, les lumières sont toutes allumées, ils s'assoient. L'un d'eux finit par se lever et annoncer : le théâtre est une lecture, nous ne sommes que des acteurs et ce soir nous vous ferons lire Electre. Le seul décor sera celui que vous imaginerez.

Un pari risqué mais réussi

Pour donner une vision un peu plus personnelle que cette présentation, je dois avouer que pendant le premier quart d'heure de cette pièce j'ai vraiment eu du mal. Je trouvais l'aspect lu ennuyeux, fastidieux et beaucoup trop académique. Il était difficile de simplement imaginer en écoutant les propos des acteurs qui pourtant arrivaient à mettre une force et une vivacité dans chacune de leurs phrases.

Puis, sans que je ne m'en rende compte, un déclic s'est opéré. La pièce a commencé à m'intriguer, je me suis laissée prendre. Je jouais à deviner à l'avance par un simple mouvement quel personnage allait changer de casquette, comme dans les pièces où chaque personnage est codifié et reconnu par un petit élément. Au final, pour moi, cette pièce est devenue un espace de jeu, de mon jeu, de ma créativité et de mon enquête. J'ai finalement pris beaucoup de plaisir et ai réellement expérimenté cette expérience innovante pour moi qu'est la suggestion minimaliste qui amène à la création d'un univers entier !

Un jeu d'acteur à couper le souffle

En ce qui concerne la pièce, comme je l'ai dit, il n'y avait pas de décor. Les personnages étaient habillés comme vous et moi. Mais ce qui a fait réellement la différence est leur superbe performance. Ils ont durant toute la pièce fait preuve de polyvalence, changeant de rôle en changeant de coiffure, en changeant d'intonation de voix et de regards. L'intensité émotionnelle était palpable et toute l'intrigue d'Electre semblait plus simple sans perdre en force.

Mon seul regret peut-être mais je pense qu'il est directement lié au personnage même et non à sa façon d'être joué est Electre elle-même. J'ai trouvé le personnage très, trop peut-être monotone. Les excès et la violence de la tragédie ne m'ont pas semblé réellement portés à leur apogée et j'ai regretté cette sorte de retenue et en même temps le manque de profondeur du personnage principal.

Une variation de l'Electre de Sophocle

Comme nous l'explique si bien Jean-Pierre Siméon lui-même, son travail de variation, effectué sur la suggestion de Christian Schiaretti répond à des règles d'écriture et de composition implicant une certaine prise de distance avec le texte original permettant ainsi une innovation et une modernité. C'est la naissance d'une nouvelle oeuvre d'art dont la source est certes Electre mais en dérive légèrement pour remettre au jour la pièce par des problématiques et des jeux plus actuels.

En conclusion

J'ai trouvé cette pièce vraiment super car elle a su changer mon regard sur elle en m'amenant d'abord à trouver les défauts pour ensuite m'apprendre à les dépasser. C'est donc un spectacle que je recommande vivement à tous, amateurs de théâtre ou profane car elle est simple à aborder, actuelle et pourtant fidèle à l'oeuvre originale.

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