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Quand on arrive en livre !

MAURIZIO CATTELAN, Musée de la Monnaie de Paris

Frappant !

C’est le moins que l’on puisse dire lorsque l’on débouche dans le salon d’honneur de la Monnaie de Paris : le pape Jean-Paul II vous fait face, couché sur le côté, terrassé par une météorite. Cette sculpture extrêmement réaliste, dénommée « La Nona Ora » fait référence à l’Évangile selon Marc (27:46) : « Et vers la neuvième heure, Jésus s’écria d’une voix forte : Père, Père, pourquoi m’as-tu abandonné ? ».

Cette oeuvre où l’on voit le pape foudroyé par une sorte de colère divine et dont le visage est marqué par la douleur, a suscité de nombreuses interprétations, de l’absurdité de confier son sort à la religion à l’humanisme d’un pape portant tous les pêchés du monde. Et bien sûr de nombreuses polémiques, allant jusqu’à la démission de la directrice du Musée de Varsovie qui avait présenté cette image du pape polonais mis à terre !

Chacune des oeuvres exposées est d’abord un choc visuel, soit par son réalisme soit par l’installation elle-même. Témoin ces magnifiques chevaux, grandeur nature, l’un suspendu sous la verrière et qui vous surplombe lorsque vous montez l’escalier d’honneur, l’autre encastré dans un mur, comme stoppé dans son élan.
mendiantEt vient rapidement le moment de la réflexion, du questionnement ou de la simple évidence comme pour cette sculpture tapie dans un recoin, que l’on ne voit pas immédiatement car mise à l’écart comme dans un souci de dissimulation, et qui confronte violemment les ors de ce palais somptueux et la détresse du mendiant jeté à la rue.

Maurizio Cattelan se met souvent en scène : solitude de l’artiste, dédoublement de la personnalité ou « Mini Me » qui, sans que vous vous en rendiez compte, observe le visiteur qui déambule. Ou soudain il surgit du … parquet, comme par effraction, dans ce lieu synonyme de production d’argent. Il peut être également vu comme le surgissement de l’art, ou de l’artiste, dans notre environnement, pour nous bousculer. Ou comme une invitation de Maurizio Cattelan à visiter les coulisses et la genèse de sa production : lorsque l’on s’approche, on aperçoit le personnage entier, sur la pointe des pieds, grimpé sur une table recouverte d’ouvrages sur l’art, dans son bureau, qui est en l’occurrence le véritable lieu de travail d’une personne de la Monnaie de Paris.

adolfDe pièce en pièce on s’étonne, on se retourne, on sourit ; sans s’habituer, on rentre dans cet univers fait de provocation, d’humour, d’interpellation, d’extrême qualité de fabrication, jusqu’à ce jeune garçon vêtu d’un costume de flanelle et de knickerbockers des années 30, de dos, agenouillé dans une attitude pieuse. La sensation est d’autant plus forte que cette dernière pièce est comme une impasse forçant le visiteur à en faire le tour et se retourner pour faire face au personnage : Adolf Hitler dans une attitude de repentance.

Cette oeuvre a évidemment choqué et soulevé de nombreuses interrogations. Elle questionne directement sur le principe de l’absolution de la religion catholique : jusqu’où peut-on pardonner ? Elle rappelle aussi que ce monstre absolu a été un enfant et interroge sur ce qui a bien pu le mener à ce destin niant toute humanité.

Maurizzio Cattelan, Muséee de la Monnaie de Paris, 11 Quai Conti, Paris 6ème, jusqu’au 8 Janvier 2017

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