Baccalauréat, option Mungiu : mention Très Bien

Avec Baccalauréat, Mungiu démontre que puissance et subtilité font bon ménage.

On peut remercier le festival de Cannes et ses jurys pour avoir pleinement joué leur rôle de révélateur concernant Cristian Mungiu. Quand nous autres allons à Cannes, on revient avec des coups de soleil, deux ou trois numéros de Cougars avec de la chance mais rien de mémorable. Quand Cristian va à Cannes, c’est autre chose : en 2007, il remporte la Palme d’Or (4 mois, 3 semaines, 2 jours), le Prix du Scénario en 2012 (Au-delà des collines) et le Prix de la Mise en scène en 2016 (Baccalauréat). Il partage d’ailleurs ce dernier prix avec Olivier Assayas (Personal Shooper, dont je parlais ici la semaine dernière, il s’agirait de suivre le fil, chers amis lecteurs).

Justement, parlons-en ! Ces mises en scène censées être si géniales… Le sont-elles vraiment ? Avec Personal Shopper et Baccalauréat, nous avons l’illustration de deux façons très différentes de réaliser un film. Si Assayas et Mungiu se retrouvent sur certains points (utilisation de l’ellipse, formidable direction d’acteurs et d’actrices), ils diffèrent sur bien d’autres. Le réalisateur français a une réalisation allusive, onirique, fantasmagorique alors que le roumain, dont on pourrait trop facilement réduire la réalisation à une forme naturaliste ou réaliste, est plutôt frontal et a un génie du cadre et des plan-séquences. Ces deux films sont des piqures de rappel de la puissance du Cinéma : son pouvoir d’évocation, de choc ; sa forme tantôt didactique tantôt songeuse ; sa photo de studio, léchée et impeccable ou grise et brute des tournages en extérieur.

Baccalauréat (comme Personal Shopper, avec lequel il partage le Prix de la Mise en scène au dernier festival de Cannes) rappelle, si besoin était, la puissance formelle du cinéma.

Côté scénario, on ne coche pas vraiment tous les éléments du film comique : Roumanie post-Ceausescu, une jeune fille agressée dans une ellipse (mystère du viol), le basculement moral (minime et conséquent) d’un père figure d’intégrité, banlieue grisâtre, femme malade, corruption, … Vous l’aurez compris, ceux qui cherchent le film cheer up du dimanche soir, tournez-vous plutôt vers Les Tuche 2. Ici, le spectateur se trouve plongé dans ce monde sans perspective, sans espoir ; 25 ans après une formidable lueur d’amélioration et la chute du régime. Nous ressentons avec force, l’acculement des personnages dans ces situations d’entre-deux ; ces moments critiques, charnières qui n’en ont pas l’air et qui pourtant changeront tout. Baccalauréat est une sorte de A Serious Man parachuté dans un pays post-communiste d’Europe Centrale : cocktail intéressant non ?

Dois-tu aller voir le film ? T’as quoi de mieux à faire ? Regarder Les Tuche pour la cinquième fois …

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