Un après-midi de fraîcheur - I New Then

Au dernier étage de l'Opéra de Lyon, la lumière du jour inonde le studio de danse. L'occasion d'observer de près la troupe du ballet, qui paraît habituellement si inaccessible, en plein travail. Par Irène Tanneur

Même en pratiquant la danse et en sachant pertinemment que les danseurs et danseuses ne répètent pas en tutus, les cheveux relevés en chignons impeccables, je suis frappée à l'entrée dans le studio par leur apparence. Leur habits, leurs coupes de cheveux, leurs maquillages tous si divers me font sourire de moi-même et de mes stéréotypes, toujours présents de manière souterraine dans mon esprit. Portables, sacs, trousseaux de clés gisent sous les barres qui parcourent les côtés du studio. Pour l'instant, pas de musique : pendant que certains revoient silencieusement leurs enchaînements ou échangent impressions et conseils dans un murmure, d'autres évoluent au rythme des "One, two, three" de l'assistant chorégraphe. L'ambiance est calme, relativement détendue, reposante sans pour autant rappeler celle d'un sanctuaire. C'est un groupe de collègues, ou peut-être une bande d'amis, qui se déplacent avec grâce et fluidité sur le sol, et il semble que la chorégraphie qu'ils sont en train d'apprendre était en réalité enfouie en eux depuis des années.

Quelques conseils de plus en direction des danseurs, et l'assistant chorégraphe propose à tous de travailler en musique. La troupe se met en place, les premières notes résonnent, et la magie opère. Est-ce parce qu'ils sont si proches ? Ou est-ce l'effet de l'irruption de la musique de Van Morrison ? Je reste fascinée par leur ballet, incapable d'y voir le moindre accroc.

Cependant, il y a bien des ajustements à faire, et, dès que la musique s'arrête, la voix de l'assistant s'élève afin d'évoquer la gestion de l'espace et des déplacements, d'affiner certains mouvements. Le magnifique matériau ne demande qu'à être embelli. Surtout, l'ancien danseur s'attarde sur les intentions, les expressions du visage et du corps, avec des expressions qui parfois font sourire les danseurs et danseuses : "flirtez les uns avec les autres", "montrez vos dents, tout ira mieux", "établissez un véritable contact visuel entre vous"... Toutes les indications incitent à la décontraction, qui fait partie de l'esprit de la pièce. Au fur et à mesure de la répétition, les artistes se détendent, interagissent plus, à la fois pendant leurs pauses et quand ils dansent. Leur implication personnelle se ressent de plus en plus à chaque itération du passage chorégraphique, par l'amplitude de leurs mouvements, par leurs expressions, et l'enthousiasme qu'ils dégagent semble émettre petit à petit des rayons de soleil depuis le centre même du studio.

À la fin de la séance, il semble que l'assistant ait réussi son défi : la troupe semble joyeuse, et la chorégraphie dégage plus d'énergie que deux heures auparavant. Par rebond, la spectatrice chanceuse et émerveillée que j'étais repart avec le sourire aux lèvres.

Texte : Irène Tanneur​ / Crédit photo : Leslie Many

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