Sous la coupole vitrée de l’Opéra, la douce lumière et la vue sur les toits de Lyon en font un endroit particulièrement agréable pour l’expression du corps. La danse, ce mélange de cultures, de langues et d’horizons. Des corps musclés et agiles s’élancent vers le haut ou vers le bas, ils glissent, ils volent… Pendant un après-midi, nous avons pu les observer ; à présent c’est à vous de venir écouter… Par Suzon Lacroix
C’est dans un cadre exceptionnel que notre Brigade du Ballet du 22 mars fut invitée à se rendre pour assister dans une ambiance très détendue à l’une des répétitions d’I new then de Johan Inger. Sous la coupole vitrée de l’Opéra, la douce lumière et la vue sur les toits de Lyon en font un endroit particulièrement agréable pour l’expression du corps.
Avant même de pénétrer dans la salle, les rires que l’on entend fuser laissent présager une atmosphère décontractée. Après quelques minutes d’observation, il ne fait aucun doute que la personnalité chaleureuse de Steves, le chorégraphe du jour, influe beaucoup sur cet échange d’ondes positives. La musique reprend, c’est un rythme entraînant au tempo rapide : il s’agit d’une composition de Van Morrison, aux influences assez « jazzy ». Une dynamique prenante se met en marche. Les corps se mettent à s’agiter de concert, des compositions se forment, les danseurs sont seuls, à deux, à trois ou plus encore. Les mouvements sont surprenants et décalés, à la fois fluides et enjoués, et se transmettent d’un partenaire à l’autre. Tels des atomes, un couple maintient le contact dans son évolution, puis voilà qu’un électron libre se rajoute à cette association, toujours en effervescence. Des corps musclés et agiles s’élancent, vers le haut ou vers le bas, ils glissent, ils volent, leurs membres bougent sans interruption des pieds à la tête. Même lorsque la musique s’interrompt un bref instant, il y a toujours un danseur pour rester en mouvement et répéter un enchaînement, tester son équilibre ou sa souplesse.
La danse est contemporaine, mais tous ont une base classique. Cependant, il n’y a pas de hiérarchie, pas comme dans un corps de ballet classique. Chacun peut avoir la chance d’être mis en avant et être choisi comme soliste par exemple. Ce pied d’égalité favorise l’entraide et l’empathie, la transmission aussi, d’où cet environnement détendu et bienveillant. L’intention de chaque danseur est d’être en connivence avec les autres : on se cherche, on se pousse, on se chamaille, les groupes se font et se défont. Dans les échanges de regards, de sourires et dans la coordination des mouvements, la danse devient un jeu, et toute cette énergie se transforme en vent de liberté dans lequel on se laisse joyeusement porter.
La danse, ce mélange de cultures, de langues et d’horizons. Tous viennent d’ici et d’ailleurs, avec dans leurs bagages des expériences uniques, des histoires et des styles propres à chacun, mais toute cette diversité se retrouve unie dans une même cohésion. Parmi cette palette de caractères et de corps disparate, chacun vient trouver sa place dans cette chorégraphie, et ce mélange des genres et des styles apporte au tissage de cette pièce spontanéité et fraîcheur.
Peu à peu, des essoufflements commencent à se faire sentir. Steves fait part de ses dernières remarques (toujours dans la langue de Shakespeare) en illustrant sa parole de gestes, pour améliorer un détail, une intonation, une attitude ou encore la réalisation d’un mouvement. Il est ici pour transmettre une pièce dont il a fait parti lors de ses premières représentations en 2012. De toute évidence, il est heureux de ses danseurs, et ceux-ci apprécient son accompagnement. Une dernière phrase, un dernier remerciement : « Thanks you everyone, very good. Take a break. ». Applaudissements. La répétition se termine et nous n’attendons plus que de voir le résultat final sur scène.
Texte : Suzon Lacroix / Crédit photo : Leslie Many
