Quelques autres personnes et moi nous sommes glissés dans une répétition du spectacle de Jiri Kylian un mercredi. Je me suis dite, tiens, une occasion d'exercer mon œil de photographe amateur et de tenter de prendre de belles photos. Mais ça faisait longtemps que je n'avais pas été au milieu de danseurs et d'un spectacle en train de se préparer. Par Maëva Chauvin
Sous la verrière de l'Opéra, un grand espace de répétition, pour les corps de danseurs nombreux ou moins nombreux. Ce jour-là, deux duos qui répètent une partie de la chorégraphie. Chouette, j'aime bien les choses avec des corps qui interagissent et s'emmêlent et se démêlent.
On pourrait penser que l'espace de la salle de répétition est très, voire trop, grand pour deux danseurs mais la chorégraphie est telle qu'ils remplissent tout l'espace de nos sens. Les sentiments qu'ils transmettent emplissent l'espace avec eux et on n'a jamais l'impression qu'ils ne font "que" ces quelques pas.
Je n'arrive pas à utiliser un autre mot que "magique" pour décrire ce qui se passe pendant les répétitions : d'abord on essaie une première fois pour se remémorer les pas, parfois on tombe, parfois on glisse et, à partir de ces petits échecs, on ajuste, on essaie différentes astuces, différentes positions ; attraper son pied ou ne pas perdre de temps à essayer, avancer un pas d'un demi centimètre après l'arabesque, porter la danseuse un peu plus sur son torse. Et petit à petit, le charme, qui sera total dans le résultat final opère (quoiqu'il opérait déjà devant nos yeux non expérimentés). La magie vient de l'imperceptible affinage qui se fait pendant les répétitions.
Et cette chorégraphie particulière semble d'autant plus magique qu'elle parle des relations entre les gens, de ce qui se passe entre eux : un sujet intarissable.
