Entrechats pour Trisha Brown

Mercredi 12 décembre 2018, j’ai eu le privilège de faire partie de la Brigade du Ballet. Cette collaboration hors du commun entre le journal culturel lyonnais Le Petit Bulletin et l’Opéra de Lyon permet à des amateurs de photo, d’écriture ou de dessin, de proposer une interprétation de ce qu’ils ont vécu. L’occasion rêvée pour s’infiltrer dans ce lieu grandiose… Par Manon BOSSENNEC

Ça fourmille, à l’intérieur !

Je pousse la porte de L’Entrée des artistes de l’Opéra de Lyon et m’aventure à la rencontre des autres reporters. Léa Josse, attachée web-marketing à l’Opéra et Nadja Pobel, journaliste au Petit Bulletin nous reçoivent avec plaisir pour partager ensemble une demi-journée d’exception.

L’édifice plein de secrets dévoile des dizaines de voix de femmes et d’hommes, à mesure que nous arpentons les couloirs noir mat de l’Opéra. Je découvre que douze étages, dont cinq en sous-sol, abritent les artistes de cette majestueuse maison. Opéras, ballets, orchestres… les pièces se jouent en même temps sans empiéter sur les mélodies des différents corps de maîtrise. Nous traversons des sas entièrement rouges, des portes aux murs. C’est très cinématographique. Entre les envolées de voix qui pénètrent entre les étages et les scènes où l’on ne voit que s’articuler les lèvres des barytons qui s’offrent une répétition exigeante, c’est un festival artistique auquel j’assiste. Les photographes, dessinatrices, vidéastes et rédacteurs que nous sommes vainquons les défis de la pesanteur, nous laissant emmener jusqu’au ciel, au douzième étage. La compagnie du Ballet s’exerce sous les regards bienveillants mais néanmoins pointilleux des chorégraphes. Ces dernières ont la mission de transmettre l’héritage de Trisha Brown, l’une des plus grandes chorégraphes contemporaines ayant traversé notre siècle et dont les œuvres sont au répertoire de l’Opéra.

Je suis discrète, munie de mon carnet, pour donner à ressentir les esquisses de Newark et Foray-Forêt qui déjà m’absorbent, autant que le décor dressé autour de nous. Nous sommes sous le dôme de l’Opéra de Lyon, dans la grande salle de répétitions du ballet. La vue est imprenable sur les toits et les façades rosés. Pour couronner cet instant suspendu, les rayons du soleil s’immiscent entre les mouvements aériens des danseurs, leur offrant une lumière douce et dorée. La grâce de ces femmes et de ces hommes perce la monotonie du temps qui fuit. Ces artistes-interprètes à l’envergure immense transpirent l’humilité.

« Jump like this »

Avachi sur le piano à queue, un petit groupe s’interroge et se raconte Newark. Juste à côté, se dévoile peu à peu la synchronisation des corps, à force de répéter chaque enchaînement avec une précision d’orfèvre. La danseuse, Elsa, déploie son mouvement de plus en plus complet, de plus en plus abouti, pénétrant tout entière la Brigade de ses yeux bleus. « Moi j’ai envie de faire ça », intervient la ballerine au chignon en répétant ce mouvement de bras qui se révèle moins évident qu’elle ne l’imaginait. « Un, deux, trois, quatre. Un, deux, trois, quatre. Le bras gauche fait un soleil. » Elle sourit.

Photo : Shan Grémion

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