Apportez-moi la tête d'Alfredo Garcia

SAM PECKINPAH (MGM)

Comme souvent chez MGM (dont le catalogue paraît inépuisable), de grands chefs-d'œuvre débarquent en DVD nus comme des vers mais pour un prix inversement proportionnel à la valeur du film (ici, 13 dollars). Donc, aucune hésitation : il faut vite acquérir ce Peckinpah daté 1974, probablement son meilleur. Si on n'y retrouve pas la violence graphique de ses films les plus célèbres (La Horde sauvage et Les Chiens de paille), on y découvre bien plus cruel : un monde déliquescent, putride, en fin de course. Crépusculaire ? Oui, mais pas au sens que l'on attribue d'habitude au cinéma de Peckinpah. Car si le crépuscule tombe sur ce Mexique à cheval entre deux époques qui se détestent (celle des seigneurs aux valeurs ébréchées et celle des losers crasseux et des marginaux déjà revenus des utopies), c'est aussi parce que le cinéma est lui aussi en train de changer. Deux tueurs pédés, un séducteur crevé d'alcoolisme et décapité post-mortem pour une poignée de dollars, un hippie violeur, une jeune fille qui donne le coup de grâce à son père corrompu... Le nihilisme de Peckinpah débouche sur un cinéma de l'errance où seul l'amour (à mort) peut encore sauver les âmes. Car dans Alfredo Garcia, le dernier sanglot va toujours à l'être aimé. Toujours trop tard, certes, mais c'est ce retard fatal qui le rend si magnifique. Voir Warren Oates étreindre le corps sans vie d'Isela Vega en pleurant des larmes de rage est un des plus beaux moments du cinéma américain des 70's. Et Dieu sait qu'il y en eut beaucoup... CC

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