Tout sur sa mère : "La Vérité"
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C'est l'histoire d'un casse qui tourne mal, point de départ mais aussi moment central du film. Un casse aussi minable que celui qui ouvrait Un après-midi de chien, autre grand film de Sidney Lumet, dans une bijouterie tenue par une vieille dame qui se rebiffe et plombe son agresseur. La scène est tétanisante, mais on ne sait alors ni d'où elle vient, ni où elle va aboutir. Car, alors qu'on rejoint le complice du braqueur resté sagement dans la voiture, l'image se met à sauter, et nous voilà propulsés quelques jours auparavant aux côtés de deux frères : Andy, comptable ordinaire en proie à un contrôle fiscal, et Hank, qui cherche du pognon pour payer la pension alimentaire de son ex-femme. Première traversée des apparences : ce n'est pas le frangin dans la dèche qui a eu l'idée du casse, mais celui qui, a priori, mène une vie sans histoire. Tous les autres renversements scénaristiques, nombreux et toujours surprenants, ne doivent pas être révélés à moins de trahir le plaisir du spectateur devant ce film (très) noir à l'intelligence admirable et aux visées existentielles impressionnantes.
Car son mécanisme narratif (changer sans arrêt de point de vue en revenant sur ses pas pour reprendre un fil négligé de l'intrigue et l'éclairer sous un angle nouveau) n'a rien d'un bluff habile. Il s'agit pour Lumet de pointer le nœud terrible à partir duquel une famille va exploser jusqu'à la tragédie : un monde déliquescent où l'argent règle tous les rapports, et où tout paraît sujet à quantification (lequel des deux fils a été le préféré du père ? Et ce père-là est-il plus monstrueux que sa progéniture ?). Plus le film avance, plus sa construction en miroir brisé (ou en disque rayé) ne renvoie qu'à des instants de vies détraquées illustrant la morale de Philip Roth dans Pastorale américaine : «On se trompe toujours». Car personne ne maîtrise rien, plus rien n'a de sens, chaque problème entraîne des solutions encore pires, et en définitive tous sont renvoyés à leur solitude et à la mort, inexorable. Classique, la mise en scène de Sidney Lumet ne l'est, elle aussi, qu'en apparence. Car, avant tout, il est un exceptionnel directeur d'acteurs : Philip Seymour Hoffman, Ethan Hawke, Albert Finney ou même l'impressionnant Michael Shannon le temps de deux scènes stupéfiantes, y font des prestations éblouissantes, défendant avec conviction la complexité de leurs personnages. Et quand, le temps de ce qui ressemble à une passe mais s'avère en fait une tentative pathétique d'échapper à la réalité, Lumet règle un long plan-séquence - un des plus beaux de l'année - quasi silencieux et rigoureusement chorégraphié, on mesure la force tranquille avec laquelle il vient de réaliser ce qu'il faut bien appeler un chef-d'œuvre.
7h58 ce samedi-là
De Sidney Lumet (ÉU, 1h55) avec Philip Seymour Hoffman, Ethan Hawke...
C'est l'histoire d'un casse qui tourne mal, point de départ mais aussi moment central du film. Un casse aussi minable que celui qui ouvrait Un après-midi de chien, autre grand film de Sidney Lumet, dans une bijouterie tenue par une vieille dame qui se rebiffe et plombe son agresseur. La scène est tétanisante, mais on ne sait alors ni d'où elle vient, ni où elle va aboutir. Car, alors qu'on rejoint le complice du braqueur resté sagement dans la voiture, l'image se met à sauter, et nous voilà propulsés quelques jours auparavant aux côtés de deux frères : Andy, comptable ordinaire en proie à un contrôle fiscal, et Hank, qui cherche du pognon pour payer la pension alimentaire de son ex-femme. Première traversée des apparences : ce n'est pas le frangin dans la dèche qui a eu l'idée du casse, mais celui qui, a priori, mène une vie sans histoire. Tous les autres renversements scénaristiques, nombreux et toujours surprenants, ne doivent pas être révélés à moins de trahir le plaisir du spectateur devant ce film (très) noir à l'intelligence admirable et aux visées existentielles impressionnantes.
Car son mécanisme narratif (changer sans arrêt de point de vue en revenant sur ses pas pour reprendre un fil négligé de l'intrigue et l'éclairer sous un angle nouveau) n'a rien d'un bluff habile. Il s'agit pour Lumet de pointer le nœud terrible à partir duquel une famille va exploser jusqu'à la tragédie : un monde déliquescent où l'argent règle tous les rapports, et où tout paraît sujet à quantification (lequel des deux fils a été le préféré du père ? Et ce père-là est-il plus monstrueux que sa progéniture ?). Plus le film avance, plus sa construction en miroir brisé (ou en disque rayé) ne renvoie qu'à des instants de vies détraquées illustrant la morale de Philip Roth dans Pastorale américaine : «On se trompe toujours». Car personne ne maîtrise rien, plus rien n'a de sens, chaque problème entraîne des solutions encore pires, et en définitive tous sont renvoyés à leur solitude et à la mort, inexorable. Classique, la mise en scène de Sidney Lumet ne l'est, elle aussi, qu'en apparence. Car, avant tout, il est un exceptionnel directeur d'acteurs : Philip Seymour Hoffman, Ethan Hawke, Albert Finney ou même l'impressionnant Michael Shannon le temps de deux scènes stupéfiantes, y font des prestations éblouissantes, défendant avec conviction la complexité de leurs personnages. Et quand, le temps de ce qui ressemble à une passe mais s'avère en fait une tentative pathétique d'échapper à la réalité, Lumet règle un long plan-séquence - un des plus beaux de l'année - quasi silencieux et rigoureusement chorégraphié, on mesure la force tranquille avec laquelle il vient de réaliser ce qu'il faut bien appeler un chef-d'œuvre.
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