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L'Assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford

D'Andrew Dominik (ÉU, 2h39) avec Brad Pitt, Casey Affleck, Sam Shepard...

Il faut être patient pour voir se profiler à l'horizon de ses grands et beaux espaces l'idée forte de cet Assassinat de Jesse James : l'Histoire ne retient pas les héros, mais les mythes ; et même quand les uns et les autres finissent par se tenir dans une même grisaille morale, ce sont toujours les brigands flamboyants qui recueillent les faveurs du public. Tout est dit dans le titre du film : Jesse James n'a pas droit à son adjectif qualificatif, il est déjà dans la légende ; son assassin, en revanche, est renvoyé à sa lâcheté. Le film d'Andrew Dominik, réalisateur du prometteur Chopper, cherche ainsi à rendre à Ford, sinon sa dignité, du moins son épaisseur humaine, tandis que le mythe Jesse James est littéralement passé au Kärcher, marinant dans sa retraite prématurée et sa lente descente dans la névrose et l'égocentrisme. Pour le reste, ce très long-métrage de 2h40 prend son temps. C'est un tour de force dans l'industrie spectaculaire hollywoodienne, mais cela ne va pas sans quelques gros défauts. Car si Dominic a un sens parfois soufflant de la mise en scène - voir la seule scène d'action du film, l'attaque du train au début, qui s'apparente à de la poésie en images -, il cherche trop ouvertement à tourner le western absolu : crépusculaire et mélancolique comme chez Peckinpah, classique et critique comme chez Ford, humaniste et cruel comme chez Eastwood et même contemplatif comme chez Monte Hellman (ça cause beaucoup, et longuement, autour d'un feu ou dans une bicoque). De la grande forme au cinéma intimiste, c'est le rythme lent et dédramatisé de la mise en scène qui doit recoller les wagons, sans toujours y parvenir. Mais le film ne s'évacue pas facilement, et sa manière d'ennuyer est suffisamment peu commune par ces temps de frénésie filmique pour qu'on s'y arrête avec attention.

CC

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