Courts mais très bons

Le palmarès du Festival du film court de Villeurbanne a conclu avec panache une édition de très bonne tenue, couronnée par un réel engouement du public. CC

Étonnant contraste. Pendant qu’on se farcissait au kilo des longs-métrages français déprimants de nullité, le festival du film court de Villeurbanne nous régalait par l’inventivité des films qui y étaient présentés. Cette édition 2008 est donc un succès artistique, mais aussi public, et augure bien du trentième anniversaire du festival. Après deux années assez ternes et un cru 2007 en forme de cure d’austérité nécessaire, la compétition française et francophone a affiché une insolente santé. Le jury, impeccable, a acté cette bonne nouvelle en décernant son Grand prix à une comédie, La Monique de Joseph, signée du Belge Damien Chemin. L’argument ? Un cultivateur de patates voit sa femme se transformer en biche. Pas d’explication et surtout pas de drame face à cette métamorphose, mais une prise de conscience tardive ; l’amour au sein de ce couple, éteint par la routine, était en fait toujours là, et le film orchestre cette renaissance de la plus drôle et émouvante des façons. Paradis retrouvé
Le Prix de la meilleure réalisation est allé à l’autre grande surprise de la compétition : Les Paradis perdus d’Hélier Cisterne. Surprise est le mot qui convient le mieux à cette œuvre gigogne. Parti comme un énième opus sur mai 68, le film n’est fait que de bifurcations inattendues, de remises en cause de son point de vue politique, et conduit à une réflexion très pertinente sur le relativisme des engagements. Il s’agit surtout d’un modèle de mise en scène, d’une grande intelligence et d’une indéniable beauté. Autre choix judicieux, le Prix du Conseil général au scénario d’Ata, joli film qui slalome habilement entre les écueils de l’œuvre à message (l’amitié naissante entre une jeune Turque et un immigré Ouïghour), pour se concentrer sur des personnages formidablement incarnés. Dernier film primé, Nous était plus discutable, notamment la crédibilité de son argument ; mais Olivier Hems le décline dans une forme incontestablement audacieuse, et son absence au palmarès aurait été regrettable. Beaucoup de bons films donc dans cette sélection, et peu d’oubliés à l’arrivée, les autres jurys se chargeant de «repêcher» des œuvres aussi réussies que L’Homme est le seul oiseau qui porte sa cage (bel exemple de film d’animation porté par de spectaculaires visions métaphysiques), Juste une heure (un court classique mais finement dialogué et interprété) ou C’est dimanche. Ce dernier a reçu le premier Prix des lecteurs du Petit Bulletin. Comme il s’agit d’un film fort et subtil, loin des clichés que son sujet (un fils en échec scolaire cache à son père illettré son renvoi du collège) pouvait autoriser, on est évidemment très fier de ce choix !

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