Max le dingue et George le punk

Cinéma / Pour bien commencer l’année, rien de tel que la reprise dans le cadre de la Ciné-collection du Mad Max de George Miller, road-western australien nourri à l’ultra-violence, comme si John Wayne s’était réincarné dans le futur en Inspecteur Harry ! CC

Le «Il était une fois» qui ouvre Mad Max résonne comme un avertissement : «Quelques années après aujourd’hui…». Nous voilà donc dans un futur proche — 30 ans plus tard, on ne sait pas s’il est déjà passé ou encore bien présent. L’insécurité routière et l’insécurité tout court s’y confondent au point d’avoir créé des polices du bitume bien organisées : il y a ceux qui poursuivent et ceux qui interceptent. Max fait partie des «intercepteurs», Ray-Bans sur le nez, bottes au pied et cuir sur le dos, il pilote un bolide débridé pour chopper les chauffards déments écrasant tout sur leur passage. Max en a sa claque et décide de prendre une retraite anticipée avec femme et enfant dans la campagne australienne. Pas de répit pour les braves, et Mad Max va se transformer en cours de route en film de vengeance extrêmement cruel et violent.Autos défense
L’idée de George Miller derrière Mad Max, qui lui permit de conquérir un public international comme aucun cinéaste australien ne l’avait fait auparavant, est une simple question d’actualisation. Le western, ses espaces vierges, ses méchants caricaturaux et ses héros iconiques chevauchant de fiers destriers, trouve dans les lignes de macadam coupant l’horizon désertique une nouvelle pertinence. Mais c’est aussi le cinéma d’autodéfense qui alimente le cocktail molotov punk et cinéphile de Miller : s’il y a du John Wayne chez le Max incarné par l’alors débutant Mel Gibson, on peut aussi y voir une touche d’Inspecteur Harry et du justicier facho popularisé par Charles Bronson. Cinéaste humaniste, lucide et pessimiste (Lorenzo, les deux Babe puis Happy Feet le prouveront), George Miller montre les apories d’une violence œil pour œil, mais aussi le danger d’un monde où l’homme ne fait plus corps avec son environnement, rapports entravés par une furie mécanique exprimant ses plus bas instincts. Remarquablement filmé, notamment grâce à un sens de l’espace qui permet aux grandes œuvres de franchir l’épreuve des années, Mad Max connaîtra deux suites : la première plongera dans la science-fiction post-apocalyptique avec une certaine réussite ; la seconde moissonnera le grand n’importe quoi tout public avec une Tina Turner en méchante effectivement effrayante, certainement engagée pour faire des économies de coiffeur ! Rien à voir avec le traitement sérieux et réaliste de l’original, à redécouvrir sur les écrans du coin en ce mois de janvier.Mad Max
Jusqu’au 3 février dans les salles du GRAC.

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