Lundi 9 mars 2009 Philippe Lioret, réalisateur exigeant de quelques-uns des plus beaux mélodrames français récents, il s’est emparé de la matière cinéma pour la plier à ce qui le touche, le remue, le choque.
François Cau
Une nouvelle fois, Philippe Lioret nous touche en plein cœur, à la grâce d’une foi cinématographique totale en son sujet. François Cau
C’est là tout le mérite de Welcome : Philippe Lioret n’oublie jamais, en dépit du poids imposant de son contexte social, qu’il fait du cinéma. Comme à son habitude, ses personnages sont fouillés, leurs motivations contradictoires servent de matrice émotionnelle au récit avec une troublante acuité, et la réalisation colle au plus près de leurs doutes pour mieux déflorer, avec une précision d’orfèvre, leur bouleversante humanité. Non content d’être un directeur d’acteurs hors pair, Philippe Lioret est également un véritable maestro de la construction dramatique : en repensant au déroulé du film, on se dit qu’il n’est pas exempt de certaines facilités scénaristiques, qui auraient facilement pu être dommageables si le réalisateur n’avait ce talent insensé pour faire se correspondre les séquences avec autant de pertinence. Il en va notamment ainsi du fond politique du film : sans entrer dans le commentaire discursif, Lioret nous décrit une situation dont la seule réalité, transposée cinématographiquement par petites touches graduellement envahissantes, suffit à réveiller la conscience du spectateur. De ce fait, Welcome est un film témoin des pires errances de son époque, mais c’est avant tout un mélodrame puissant, un vrai et beau film de cinéma. Welcome
De Philippe Lioret (Fr, 1h50) avec Vincent Lindon, Firat Ayverdi…