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Pendant la crise, la fête continue !

Cinéma / Alors qu’exploitants, producteurs et distributeurs commencent à se faire des cheveux, la Fête du cinéma passe en version XXL, sur une semaine entière. Pour parer une crise que les chiffres de fréquentations et la qualité des films n’accréditent pas totalement… Christophe Chabert

L’annonce d’un changement de formule pour la Fête du cinéma a suscité, sur Internet notamment, des commentaires plutôt acides. Le problème n’était pas tant l’allongement de l’événement (sept jours au lieu de trois, du 27 juin au 3 juillet), que l’augmentation de la place une fois le «passeport» obtenu au tarif plein. En effet, celle-ci passe de 2 à 3€, soit une augmentation de 50% qui n’a échappé à personne, surtout en cette période où n’importe quel citoyen se transforme en vigile actif de 60 millions de consommateurs. Les remarques ont fusé donc, résumables par «l’esprit de la fête du cinéma se perd» et «on nous prend pour des cochons de payants». Sans parler des titulaires de cartes illimitées, qui n’y gagnent rien, sinon un peu plus de queue à l’entrée des salles. Ultime sarcasme : la Fête du cinéma estivale ne sera bientôt pas plus attractive que le Printemps du cinéma (trois jours à 3, 50€) ou la Rentrée du cinéma (une place achetée, l’autre à 1€).

Capture d’écrans

La justification de la Fédération Nationale des Cinémas Français est simple : c’est la crise. La Fête 2008 avait été une déception, et la morosité ambiante laissait penser que celle de 2009 n’allait pas être plus radieuse. Ce que confirme d’ailleurs le nombre étonnamment faible de sorties cette semaine, d’ordinaire gargantuesque pour les distributeurs — même s’ils en profitent en général pour lancer leurs films les moins fréquentables. La présence d’un blockbuster comme Transformers 2 ne change rien, car elle s’explique par sa sortie mondiale pour éviter le piratage. Bref, cette Fête du cinéma 2009 pourrait bien virer au non-événement commercial. En attendant le verdict des chiffres, on peut utiliser cette semaine de discount pour faire une capture d’écrans sur la proposition cinématographique en cours. Qu’y voit-on ? La première vague des films cannois (Étreintes brisées, Looking for Eric, Antichrist, Les Beaux Gosses, Lascars, Amerrika…) dont certains titres croisent d’autres thématiques : le cinéma d’animation pas uniquement pour les enfants, avec Coraline, Piano Forest et Ponyo sur la falaise, ou la comédie rock’n’roll avec Very bad trip ou Good morning England ; des blockbusters plus ou moins réchauffés et plus ou moins essoufflés (Jeux de pouvoir, tiré de la série anglaise State of play, un quatrième Terminator diversement accueilli par chez nous, un deuxième Transformers dont on n’a vu qu’une bande annonce étrange et abstraite, ou encore Millenium, qui transforme le best-seller de Stieg Larsson en Derrick scandinave de 2h30) ; enfin, pour les plus curieux, du cinéma mondial qui n’est pas du world cinéma (Boogie, nouvelle découverte roumaine, Departures, oscar nippon du meilleur film étranger, Still walking, sublime drame familial signé Kore-Eda, Fausta, Ours d’or mérité du festival de Berlin réalisé par une jeune cinéaste péruvienne, Claudia Llosa…).

La crise, qu’ils disaient…

Voilà pour le menu ; reste l’addition. C’est la crise, nous dit-on… Artistiquement, tout va bien : de Eastwood à Fincher, de Aronofsky à Danny Boyle, de Selick à Miyazaki, plus les révélations The Chaser et Morse, le cinéma produit toujours de grands films venus de tous les horizons. Niveau fréquentation, les salles accuseraient le coup. Pourtant, en comparaison avec l’année précédente, marquée par les 20 millions d’entrées des fichus Ch’tis, 2009 marque un retard tout à fait acceptable (à peine cinq millions de spectateurs en moins) et surtout rattrapable (l’été 2008 ne fut pas fameux…). La crise serait ailleurs, donc… Dans le mode de financement du cinéma, très lié aux banques et aux crédits, mettant en péril une partie de l’économie globale du secteur. Mais aussi, à l’échelle de l’exploitation locale, dans un déséquilibre grandissant entre les indépendants et les grands groupes nationaux. Au cœur du jeu, le fameux accès aux copies ; mais aussi de façon plus périphérique, une offre de films qui se ressert insidieusement (il faudra guetter les comptes en fin d’année), où les titres porteurs écrasent peu à peu les films plus difficiles jusqu’à les faire disparaître (combien de sorties décalées, sinon annulées, ces dernières semaines ?). Après la fête, les lendemains qui déchantent ?

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