Vade retro Satanas

Pour terminer sa saison, L’Épouvantable vendredi s’offre une nuit consacrée au Diable, avec trois films dont deux sont des exceptions par rapport à ses principes initiaux : l’un est un navet, l’autre est une (excellente) comédie. Christophe Chabert

Quand Fabrice Calzettoni et Julien Pouget ont lancé leur série d’Épouvantables vendredis à l’Institut Lumière, ils s’étaient fixé quelques règles : alterner soirées thématiques et nuits consacrées à un cinéaste emblématique du genre, et ne passer que des films qui font vraiment peur. En mai, avec la nuit James Wan, on pouvait noter une première entorse à la règle : Death sentence n’est pas du tout un film d’horreur (mais bon, comme il n’avait jamais été projeté en VO à Lyon, ça s’excuse). Pour leur dernière soirée de la saison, les voilà qui prennent carrément de grosses libertés avec leur credo initial, même si le thème choisi (Le Diable) laissait pas mal de choix quant à la programmation.

Clinique et critique

Pour débuter cette nuit, L’Épouvantable vendredi rappelle dans quels murs il se trouve en projetant un classique : L’Exorciste de William Friedkin. Il est bon de rappeler la profonde modernité de ce film tourné en 1974 par une figure majeure du Nouvel Hollywood. Quelques années après Rosemary’s baby, Friedkin poussait le genre un cran plus loin en adoptant une mise en scène clinique pour décrire un cas de possession démoniaque. Reagan, petite fille bien élevée, se met d’un coup à proférer des injures, se couvre de rictus purulents et dégueule sur les prêtres qui la visitent des torrents de bile verte. Plus que ce côté grand-guignol, c’est la patiente description des symptômes de Reagan qui fait le plus flipper. Inquiétante aussi, la peinture d’une Amérique bousculée dans ses principes (religieux, surtout) par la poussée hippie et libérale de l’époque, conflit qui la conduit au bord de la folie. John Boorman tirera une première suite de cette œuvre fondatrice, avant que William Peter Blatty, auteur du bouquin original, ne reprenne la franchise en main avec un Exorciste III plus qu’intéressant. Mais c’est curieusement le prequel signé Renny Harlin que L’Épouvantable vendredi a choisi de présenter. On pourrait expliquer longuement en quoi ce film est nullissime, mais on se contentera de cette formule lapidaire : c’est du Renny Harlin. Pour relever le niveau, il faudra compter sur Alex de la Iglesia et son Jour de la bête. Deuxième film du cinéaste espagnol, il s’agit d’une comédie noire où un prêtre sillonne les rues de Madrid en pleine overdose consumériste la veille de Noël, persuadé que Satan s’apprête à débarquer sur Terre. Aidé par un hardeux et un mage télévisuel, il commet tous les péchés possibles pour se rapprocher du malin. Teigneux, férocement drôle et iconoclaste, Le Jour de la bête conclura en beauté cette inégale Nuit du diable.

L’Épouvantable vendredi : la nuit du diable
À l’Institut Lumière, vendredi 8 juillet

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