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La griffe du passé

Kazan, Polanski, Monicelli et Welles pour la première moitié de saison de la ciné-collection, William Klein pour démarrer celle de l’Institut Lumière : le cinéma de patrimoine fait aussi sa rentrée. CC

On le guette désormais avec curiosité et bonheur : le programme de la ciné-collection itinérante dans les salles du GRAC est souvent un bon baromètre pour la saison cinéphile à venir. Favorisé par le dynamisme des distributeurs, qui n’hésitent plus à restaurer et faire circuler tout au long de l’année les trésors du patrimoine cinématographique, le rendez-vous prend chaque année de l’ampleur. Pour cette fin 2011, les cinq films choisis parlent d’eux-mêmes : "À l’est d’Eden", par exemple, dont l’aura mythique liée à la carrière éclair de James Dean cache le fait qu’il était devenu difficile à voir sur grand écran. La mise en scène flamboyante d’Elia Kazan, en cinémascope et technicolor, y trouve pourtant toute son ampleur. De même, il est bon, à l’heure où la religion devient inattaquable et où les films d’horreur satanistes ne font plus peur à personne, d’aller se remettre "Rosemary’s baby" en mémoire. Polanski, en 1968, s’y livrait à un grand exercice de terreur quotidienne et à une attaque subtile contre les croyances de son époque, les adorateurs du malin y proliférant sur les ruines du christianisme terrassé par la mode hippie.

Klein d’œil

Avec "Le Pigeon", Mario Monicelli (et ses scénaristes, Age et Scarpelli) se livrait lui aussi à une peinture critique de son époque, mais sur le mode de la comédie noire : dans l’Italie de l’après-guerre, une bande de petits truands montent un coup aux conséquences imprévues, puisqu’ils se font doubler par un pauvre type qui, au départ, ne devait servir qu’à prendre la place de leur boss emprisonné. L’Italie de la magouille, de la promiscuité familiale et des bidonvilles urbains y est incarnée par une réunion de talents exceptionnels (Gassman, Mastroianni, Cardinale…). Quant à "La Dame de Shanghaï", il est exemplaire de ce qu’Orson Welles pouvait tirer d’un matériau imposé par les studios, en le transformant en grand exercice de mise en scène sublimant les codes du film noir (et célébrant, au passage, la beauté de Rita Hayworth). En attendant son festival Lumière, l’Institut du même nom ouvre son écran en septembre à un cinéaste atypique, avec une rétrospective intégrale de son œuvre : William Klein. Il a filmé Mohamed Ali et le tournoi de Rolland-Garos, la guerre du Vietnam et une représentation du Messie de Haendel dirigée par Mark Minkowski ; mais son cinéma ne s’arrête pas à cette part documentaire, prolongement naturel de sa démarche de photographe. Il a aussi tourné trois longs-métrages de fiction, dont le cultissime "Qui êtes-vous Polly Magoo ?" qu’il viendra présenter le lundi 12 septembre à l’Institut Lumière, deux jours après l’ouverture de l’exposition que lui consacre la galerie Le Réverbère. Un exemple inattendu et bienvenu de complémentarité entre structures culturelles autour d’une mémoire vivante de l’image.

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